Entretien accordé par Augustin Legrand, porte-parole des enfants de Don Quichotte, journal Métro, 19 février 2007
Où en est le mouvement des Don Quichotte ?
Nous rompons toutes les négociations avec le gouvernement et demandons officiellement la démission de Catherine Vautrin (ministre déléguée à la Cohésion sociale, ndlr). Les promesses n’ont pas été tenues. Le gouvernement nous avait demandé de faire un geste en enlevant des tentes. Mais il y a actuellement 110 tentes, toutes pleines. Et, à partir de maintenant, nous ne refusons plus personne. Moi, je me réinstalle aujourd’hui le long du canal et j’appelle tout le monde à reprendre la mobilisation.
Depuis le 8 janvier, que s’est-il passé ?
Rien. Où sont les logements annoncés, qu’en est-il des centres ouverts 24 heures sur 24, combien de places ont été débloquées ? Le droit au logement opposable, c’est bien beau mais si rien n’est fait pour le rendre applicable, c’est du vent. Le gouvernement nous a même demandé de les aider à trouver des logements, à nous, les Don Quichotte ! A ce niveau-là, ce n’est plus de la mauvaise volonté, c’est carrément de l’incompétence.
Comment expliquez-vous les tensions avec les riverains ?
Vis-à-vis des commerçants, je me sens responsable. Je suis très embêté qu’ils perdent du chiffre d’affaires. S’il faut organiser un concert de charité pour eux, je le ferai. Encore une fois, c’est le gouvernement qui devrait leur venir en aide. Quant aux personnes du campement, elles ont perdu espoir. Il y a trop de dysfonctionnements. On leur dit qu’il y a un logement, finalement non. Si elles ratent un rendez-vous avec la commission de suivi, tout est annulé. Certains sont vraiment cassés. Ils ont aussi besoin d’assistance. On avait demandé la présence de travailleurs sociaux, mais il n’y a pas de moyens humains mis en œuvre
Craignez-vous l’intervention de la police ?
Qu’ils viennent, on est prêts à se battre. S’il y a des morts, le gouvernement devra en assumer la responsabilité et, dans huit semaines, il perdra les élections.