Trois questions à Laurent Fabius publiées sur le site www.orange.fr
Propos recueillis par Chloé Juhel.
Source : Le blog de Laurent Fabius ( http://www.laurent-fabius.net/)
"Quels sont les grands axes de la campagne du parti socialiste pour les législatives ?
D’abord, le contre-pouvoir. Nicolas Sarkozy a entamé une hyper-présidence où il exerce une influence prépondérante. S’il obtenait une majorité absolue à l’Assemblée, la totalité des pouvoirs serait dans ses mains. Nous souhaitons une présidence équilibrée. L’élection de Nicolas Sarkozy est parfaitement démocratique, mais il faut qu’il y ait un contre-pouvoir. Par ailleurs, c’est aux Français de trancher entre la droite et la gauche sur des sujets aussi concrets que la politique scolaire, la santé, la fiscalité. Je pense que le bilan du gouvernement va aussi compter dans la dimension locale et personnelle des élections législatives.
On crédite le PS d’au mieux 200 sièges à l’assemblée, comment exercer le rôle d’opposition dans ces conditions ?
Je ne me situe pas dans cette hypothèse. Aucune bataille n’est gagnée ou perdue d’avance. Je suis dans une logique résolument offensive et combative. Je lance un double appel en direction des responsables socialistes. Ce que les électeurs nous demandent, c’est de ne pas être divisés. Soyons unis, pas de défaitisme soyons combatifs. J’en appelle à la combativité de chacun. C’est ce que je relaierai dans la campagne. Je ne me situerai donc pas dans une logique de défaite. Il faut mettre en avant nos propositions, défendre nos idéaux, montrer notre drapeau. On n’entraîne pas des électeurs à voter pour soi si l’on n’y croit pas soi-même
En dehors de l’opposition, quel sera le rôle du PS pendant cinq ans ?
Le rôle du parti socialiste sera majeur parce qu’il est la force principale de la gauche. Le PS doit porter les espoirs de toutes celles et ceux qui sont pour la justice sociale, pour l’efficacité économique, pour la dimension écologique. Je suis pour une gauche décomplexée, tout en restant fidèles à nos valeurs. Le PS doit faire en sorte que ces propositions soient adaptées au monde nouveau qui est en train de naître. C’est une gauche de mouvement que le PS doit incarner en faisant monter des gens d’origines sociales différentes, des personnalités plus jeunes, en renouvelant ses cadres.