Depuis 1936, la 13e circonscription de Paris (Sud du XVe arrondissement) n’a jamais cessé d’élire à l’Assemblée Nationale le candidat de droite. Au second tour de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy y a largement devancé Ségolène Royal avec 59,82% des voix contre 40,18% pour la candidate socialiste.
C’est donc en mission quasi-impossible que le Parti socialiste a envoyé Anne Hidalgo, première adjointe de Bertrand Delanoë, tenter de conquérir ce siège de député. La candidate met en avant le bilan de la municipalité pour tenter de faire la différence : ” Logements sociaux, infrastructures pour la petite enfance, le travail que nous réalisons depuis des années devrait finir par porter ses fruits “, assure-t-elle. Au-delà de la bataille législative, c’est surtout la bataille municipale de 2008 qui est en ligne de mire de la premier adjointe. ” La gauche a aujourd’hui trois sièges de conseiller de Paris dans le XVe arrondissement. Si nous gagnons ici un nouveau siège en 2008, c’est important “, reconnaît-elle.
La candidate du PS pourrait aussi tirer avantage des divisions de la droite, dans cette circonscription, pour se retrouver au second tour, le 17 juin, face à l’ancien ministre de la jeunesse et des sports, Jean-François Lamour. Celui-ci bénéficie de la très enviée étiquette UMP, qui permit à René Galy-Dejean (maire du XVe depuis 1983 et député sortant depuis 1991), en 2002, d’être élu dès le premier tour, avec 53,3 % des voix. Mais pour passer le premier tour, dimanche, l’escrimeur Lamour – il fut double champion olympique au sabre –, devra d’abord parer les attaques des candidats… de droite.
“DÉPUTÉ HORS-SOL”
Le septuagénaire René Galy-Dejean n’entendait pas laisser la place, au nom du rajeunissement des candidats décrété par son parti : il a décidé de se présenter, même sans l’investirure de l’UMP, dont il a, du coup, été exclu. Dominique Baud, conseillère de Paris UMP, et l’ancien RPR Michel Bulté, passé au MoDem, briguent également le siège de député. Françoise de Panafieu, chef de file de l’UMP a Paris, assume le choix du candidat Lamour : ” Prais doit être exemplaire. Il faut un profond renouvellement “, dit-elle.
” Françoise de Panafieu pourrait bien de se l’appliquer à elle-même, rétorque l’exclu Galy-Dejan. Elle est conseillère de Paris depuis 1979. Et Jean Tibéri est élu depuis 40 ans à Paris, cela n’a pas empêché l’UMP de lui accorder l’investiture ! “ Déjà dissident de son parti aux élections municipales de 2001, et finalement réélu, il ne s’effraie pas d’une nouvelle bataille électorale en candidat libre, et se revendique comme membre de la ” majorité présidentielle. “ Du côté de l’UMP, la menace de la candidature du maire du XVe, qui connaît son quartier sur le bout des doigts, est envisagée très sérieusement : le premier ministre, François Fillon, envoyé en renfort, doit se rendre aujourd’hui à la permanence du candidat UMP, rue Labrouste.
Elu conseiller régional d’Ile-de-France en 2004, Jean-François Lamour affirme vouloir s’installer durablement dans le XVe arrondissement. Outre sa candidature aux législatives, l’ancien ministre sera, en 2008, en bonne place sur la liste municipale UMP, qui sera menée par Philippe Goujon pour déloger René Galy-Dejean de “sa” mairie du XVe.
“Jean-François Lamour sera un député hors-sol”, ironise Anne Hidalgo, installée, elle, depuis 25 ans dans le sud-ouest de Paris. Allusion à l’Agence Mondiale Anti-dopage (AMA), dont son rival, déjà vice-président, doit prendre la présidence en novembre 2008. Le siège de cette organisation est situé à Montréal, et son bureau européen à Lausanne. “L’AMA est une institution internationale prestigieuse. Qu’elle soit dirigée par un Français participe à l’aura de la France à l’étranger, je ne comprends pas que l’on puisse me le reprocher”, s’insurge l’ancien champion olympique.
Qui tient quand même à préciser : ” cette charge, bénévole, ne m’occupera pas plus de 2 ou 3 jours par mois. “ Pour faire bonne mesure, sur le plan local, Jean-François Lamour s’est concocté un programme de proximité : ” je soutiendrai la mise en place de crèches d’entreprises, la création d’un réseau efficace de mini-bus pour les petits trajets, une nécessité à laquelle ne répond pas le tramway. Enfin je veux une remise à plat de l’attribution des logements aidés. “
Source : Le Monde / Matin Plus, 7 juin 2007