Le député PS de Seine-Saint-Denis, auteur de Une élection imperdable (avec Gérard Leclerc) aux éditions de l'Archipel, a profité du Conseil national du PS pour livrer ces réflexions au Journal du Dimanche. Il revient sur les raisons de l'échec de la gauche aux présidentielles et évoque l'avenir du PS. Un avenir sans Ségolène Royal..
Propos recueillis par Pascale AMAUDRIC dans Le Journal du Dimanche du 24 Juin 2007.
Ségolène doit-elle prendre le parti socialiste ?
Ce n'est pas la question à l'ordre du jour. Nous avons perdu l'élection présidentielle parce que les Français ne se sont pas reconnus dans la candidature de Ségolène Royal et ont jugé Nicolas Sarkozy mieux à même de remplir la fonction de chef de l'Etat. Mais surtout, une majorité de citoyens, en particulier les ouvriers et les salariés des régions en mutations économiques et sociales, n'a pas considéré que nous étions porteurs d'un projet qui puisse les rassurer sur leur avenir. La priorité des socialistes est précisément de bâtir ce projet alternatif qui répondra à la mondialisation, à la construction européenne et à la réduction des inégalités en France. Si les questions de personne devaient prendre le dessus, nous retomberions dans les mêmes difficultés qu'au lendemain du 21 avril 2002. Ségolène, au cours de sa campagne, n'a pas fait la démonstration de sa capacité à faire travailler les socialistes ensemble. Ce qui explique le sentiment d'isolement qu'elle a pu éprouver et ce qui serait le problème si elle voulait prendre le parti.
Que doit faire Laurent Fabius pour participer à la refondation ?
Il doit faire profiter tous les socialistes de son expérience, de son intelligence, de ses intuitions et de ses qualités de tribun. Autant de qualités qu'il a su condenser, au second tour des élections législatives en débusquant le projet fiscal du gouvernement et en réinstallant un choix droite-gauche dans l'esprit des électeurs. Ces dernières années, le PS a trop joué au jeu du "maillon faible" où l'on voit les plus faibles se liguer contre le plus fort afin de l'éliminer.
Cette refondation est-elle compatible avec le maintien de DSK ou de Fabius, pour ne citer qu'eux, comme présidentiables ?
Le PS a besoin de tous ses talents. Il en a d'autant plus besoin que, lors de la prochaine élection présidentielle de 2012, nous ne bénéficierons plus ni de l'effet "vote utile" engendré par l'échec du 21 avril 2002, ni du slogan « Sarko facho » censé nourrir le rejet de Sarkozy. Nous ne battrons le Président sortant, patiné par cinq ans de pouvoir, que si nous réussissons à démontrer à une majorité de Français la force de notre projet de gauche. Et ce sont les propositions économiques et sociales qui nous permettront de faire la différence avec celui de la droite.