En Juin 2006, nous avons été plus de 90% de militants socialistes à approuver le projet du PS, dont Ségolène Royal qui déclare aujourd'hui que deux de ses principales mesures sociales (reprises dans son pacte présidentiel) n'étaient pas "crédibles". Pour elle, nous n'étions donc collectivement pas crédibles. Cet aveu tardif d'incohérence et de duplicité qualifie-t-il vraiment notre ex-candidate pour représenter et diriger les socialistes ?
Interview sur LCP "Questions D'INFO " le 20/06/07 , et commentaires de socialistes ci-dessous.
Ils réagissent :
Benoît Hamon : « Je ne trouve pas très adroit, c'est le moins qu'on puisse dire, la semaine où Nicolas Sarkozy annonce qu'il n'y aura pas de coup de pouce au Smic, de dire que l'augmentation du Smic que nous proposions était une mauvaise idée. C'est incohérent politiquement », a-t-il estimé sur BFM. Il a rappelé que le projet du PS avait été « voté par les militants ». « On ne pourra pas expliquer que la défaite de l'élection présidentielle est la faute de tous les socialistes sauf une », a-t-il dit, ciblant la candidate Ségolène Royal. Plus généralement, Benoît Hamon a déploré « le +moi je+ insupportable » de certains leaders socialistes, « qui ramènent tout à eux, en particulier notre ex-candidate, quand il faudrait parler collectivement ».
Razzye Hammadi : « Je la supplie d'arrêter, de jouer collectif et qu'elle fasse en sorte de donner l'image de militants et de dirigeants qui se respectent eux-mêmes », a-t-il déclaré sur LCI. Pendant la campagne présidentielle, « il y a de jeunes militants qui ont mouillé le maillot (...) et on leur dit: +le programme que vous avez défendu, la candidate n'y croyait pas+! », a-t-il poursuivi « On a Sarkozy pour cinq ans mais cette même candidate, sa priorité, ce n'est pas comment on va vivre notre opposition et notre force de proposition pendant cinq ans, mais ce qu'elle pourra incarner en 2012 ». Dans la matinée, Ségolène Royal avait parlé d'une "probable" candidature en 2012. « Il faut avoir un peu de respect pour les gens », a-t-il poursuivi. Pour lui, « le Parti socialiste et la candidature de la gauche en 2012 n'appartiennent à personne, si ce n'est aux générations à venir" ». « Ce que je demande à Ségolène Royal, c'est (...) d'avoir un peu plus d'humilité et de respect pour la force collective qui l'a portée, même s'il y avait plein de choses qui n'allaient pas pendant la campagne, y compris certaines qui étaient de (sa) responsabilité personnelle ».
Marie-Noëlle Lienemann : « estime que les déclarations de Ségolène Royal sont des aveux qui éclairent sa lourde défaite et plus particulièrement sa faible crédibilité dans les milieux populaires et dans le monde du travail. Madame Royal aurait pourtant du voir dans les sondages et enquêtes d'opinion auxquelles elle est extrêmement sensible et entendre dans les débats participatifs la forte attente d'amélioration des bas et moyens salaires pour lesquels l'augmentation du SMIC est un levier. La revalorisation du salaire minimum est partout un combat pour les progressistes. IL n'y a qu'à observer l'Allemagne et même les Etats-Unis où cela a été la priorité des démocrates qui, eux, ont gagné les élections. Ségolène Royal reprend aujourd'hui les thèses souvent défendues par Jean-Marie Bockel. Est ce bien raisonnable? En poursuivant une stratégie de discrédit de la gauche et de cautionnement des thèses de droite elle ne peut jouer pleinement le rôle d'opposante à Nicolas Sarkozy capable de rassembler et de faire entendre la voix de la gauche ».
Jean Luc Mélenchon : « Si réellement elle pensait que ce n'était pas crédible, on se demande alors pourquoi elle l'a défendu. » , « Est-ce que cela signifie que si elle avait été élue, après les avoir promises, elle ne les aurait pas appliquées ? », s’interroge-t-il encore. « Nous sommes dans le domaine de la pure et simple provocation, consternante de sa part », estime le sénateur du PS. Selon lui, « c'est de sa part la preuve d'une très grande duplicité. »