Un dangereux faire valoir du libéralisme le plus destructeur
Après avoir été à la soupe et pour faire passer la pilule amère des franchises médicales, Martin Hirsch, la caution caritative du gouvernement, invente une usine à gaz aussi injuste que bureaucratique : créer une franchise sur les arrêts de maladies, supprimer les prises en charges totales pour les pathologies lourdes. blog de Marie-Noëlle Lienemann
Il compte ainsi trouver de l’argent pour éviter que les très pauvres soient pénalisés par une mesure inique et dangereuse que son propre gouvernement veut imposer ! Il est de bon esprit à gauche pour féliciter le complice de ces mauvais coûts de ses bonnes idées ! On croit rêver. Et là, je le dis tout net, on ne peut pas accepter une rénovation sur ces bases !!
En clair, le smicard qui sera malade devra perdre une journée de salaire pour payer la franchise que les très pauvres ne peuvent (à l’évidence ) pas déboursés ! Est-ce juste ? Est-ce une stratégie pour revaloriser le travail ? Est-ce acceptable de siphonner encore le pouvoir d’achat des salariés, qui plus est qui ont le mauvais goût d’être malades. Est-ce un luxe de rembourser à 100% des malades chroniques touchés par des pathologies lourdes ? Est-ce admissible de pénaliser d’abord les malades ? C’est déjà l’absurde logique des franchises, et on en rajoute une louche en imposant la » solidarité entre eux au détriment d’une solidarité générale. Mieux vaut être riche et bien portant que pauvre et malade !
Mais tout cela est dans la pure veine de l’idéologie libérale. A l’universalité des droits, égaux pour tous et un financement mutualisé où chacun contribue en fonction de ses facultés respectives, est substitué un système de marché, la réduction des prestations à un minimum, des assurances complémentaires payées par ceux qui peuvent et la charité plus ou moins publique pour les très pauvres. Les grands perdants sont alors les couches populaires, les salariés modestes, les retraités, ceux que systématiquement on oublie dans bien des politiques publiques depuis des années, ceux à qui Sarkozy a fait miroiter qu’ils seraient enfin entendus et compris, en entretenant une opposition entre eux et les exclus, les salariés plus pauvres encore ! Le démantèlement de notre système de protection sociale et de notre modèle Républicain s’accélère, avec une fausse bonne conscience de gauche. Car la seule question qui vaudrait serait de savoir qui doit payer l’accroissement des coûts de la sécurité sociale et où sont les vrais gaspillages. Mais chacun le voit bien, tous prélèvements sur les plus riches, sur les profits et le capital est balayé d’un revers de main. Alors faisons payer les autres. Toute sanction en direction des abus ou des attitudes dangereuses est jugée trop contraignante, alors pénalisons les plus vulnérables.
La dernière mode est de créer pour tout des « boucliers ». C’est dire comme nous sommes en danger et menacés ! Il faudrait un bouclier sanitaire ! Pourquoi ? Pour nous protéger du risque de ne plus pouvoir payer nos soins, du fait des franchises. Alors germe l’idée absurde de limiter la participation aux dépenses de santé à 3% de leurs revenus ! Ce serait une véritable usine à gaz, très difficile à mettre en œuvre et à calculer. Qui vérifie les revenus ? Quelle est l’année de référence? Faudra t’il emmener sa déclaration de revenu chez le médecin? On atteint des sommets de technocratisation et de bureaucratisation du système, qui va de surcroît couté très cher à mettre en œuvre, à contrôler etc. Il n’y a rien de pire qu’un techno-caritatif. Il met en place des dispositifs, illisibles, avec des plafonds, des conditions, moultes critères qui sont autant de pièges et de limitations, des financements et effets de seuil qui pénalisent les travailleurs aux salaires bas et moyens, des mesures qui ne sont en rien connus et maitrisés par ceux qui en sont les potentiels bénéficiaires et qui doivent être « accompagnés » pour obtenir des aides au lieu de droits. Après, les même auront beau jeu de se lamenter sur l’assistanat. Au passage pour rogner sur les prestations.
Au passage, cette usine à gaz coûte une ruine de gestion des dossiers, des autorisations, de temps de travailleurs sociaux, de contrôle ! Absurde, couteux et dangereux
Mais au lieu de cela, disons clairement qu’il faut des ressources nouvelles, et ne pas exclure une cotisation supplémentaire, à condition qu’elle soit juste. On peut penser entre autre à une réforme de la CSG pour la rendre progressive, en la fusionnant avec l’impôt sur le revenu. Mais de grâce ne cédons ni sur l’universalité, ni sur l’égalité des soins./.