Le journaliste écrit le 31 oct 07 sur le blog des rédacteurs de Politis
:
« Ce n’est pas la peine de s’obstiner à demander un référendum que le président de la République a dit qu’il ne ferait pas », a déclaré Jean-Marc Ayrault. « Les Français ont tranché puisque Nicolas Sarkozy a dit (qu’il ne l’organiserait pas) durant la campagne présidentielle. » Avec un tel raisonnement, le PS devrait accepter la remise en cause des
régimes spéciaux puisque Sarkozy l’avait annoncée et que les Français
l’ont élu. Il devrait renoncer à s’opposer aux franchises médicales, à
l’immigration choisie, aux diminutions d’impôts pour les plus riches [...], etc. puisque tout cela figurait dans [son]
programme. A suivre la logique de Jean-Marc Ayrault, on se demande même si le PS doit encore exister vu qu’il a été battu.
Jean-Marc Ayrault est un gentil garçon. Bonne tête, bonne éducation, bonne présentation, toujours poli, le maire de Nantes préside le groupe socialiste, radical et citoyen à l’Assemblée nationale. Cela fait déjà quelques années que le bonhomme occupe une fonction qui, à la tête d’un groupe de 185 membres et 18 apparentés, le place en situation de chef de file de l’opposition au Palais Bourbon. A la suite de sa réélection à ce poste, Jean-Marc Ayrault avait promis : « Notre opposition va être très ferme », déclarait-il dans l’Hebdo des socialistes, le 7 juillet. On ne demandait qu’à le croire.
Le bougre nous a fourni cet après-midi un bel échantillon de cette fermeté. Interrogé sur le traité modificatif européen (abusivement présenté comme simplifié ou mini par tous ceux qui ne l’ont pas lu, ce qui fait du monde), sur France 3, M. Ayrault a souhaité « que le PS soit clair en appelant à voter oui à la ratification de ce traité ». Ce n’est pas le plus gênant. Vu qu’il a déjà voté "oui" au traité constitutionnel européen, il n’est pas étonnant qu’il se prononce à l’identique sur un traité qui, de l’avis même de Giscard, reprend l’essentiel des dispositions rejetées par les Français le 29 mai 2005.
Le plus inquiétant est là : « Ce n’est pas la peine de s’obstiner à demander un référendum que le président de la République a dit qu’il ne ferait pas », a-t-il déclaré. Selon lui, même si un récent sondage indique que 61% des Français souhaiteraient être consultés par référendum sur ce traité, Nicolas Sarkozy « a reçu l’approbation du peuple français par l’élection présidentielle ». Un point sur lequel il a d’ailleurs insisté : « Les Français ont tranché puisque Nicolas Sarkozy l’a dit (qu’il n’organiserait pas de référendum) durant la campagne présidentielle. » « Ne nous battons pas contre des moulins à vent » et « n’essayons pas de fuir une réalité », a-t-il ajouté.
Avec un tel raisonnement, le PS devrait accepter la remise en cause des régimes spéciaux puisque Sarkozy l’avait annoncée et que les Français l’ont élu. Il devrait renoncer à s’opposer aux franchises médicales, à l’immigration choisie, aux diminutions d’impôts pour les plus riches et au bouclier fiscal à 60%, au remplacement d’un seul fonctionnaire pour deux départ en retraite, etc. puisque tout cela figurait dans le programme de Nicolas Sarkozy. A contrario, il devrait vérifier que Sarkozy tient bien ses promesses et donc que des peines planchers sont bien appliquées aux délinquants récidivistes ou que l’immigration clandestine est enfin stoppée.
A suivre la logique de Jean-Marc Ayrault, on se demande même si le PS doit encore exister vu qu’il a été battu.
Injuste ? Non, s’il veut remplir le rôle notarial que lui assigne le président de son groupe à l’Assemblée, le PS peut encore dénicher des sujets sur lesquels s’opposer. Exemple : les tests ADN pour les candidats à l’immigration ne figuraient pas dans le contrat du candidat de l’UMP à l’élection présidentielle.
Avec une opposition pareille Nicolas Sarkozy n’a pas besoin de majorité./.