Tribune de Paul Quilès, publiée sur le site de Rue89.com
Je suis atterré par l’annonce que les parlementaires socialistes boycotteront la réunion du Congrès de Versailles, qui, le 4 février, doit voter la révision constitutionnelle préalable à la ratification du traité de Lisbonne.
Cette décision (si c’en est une !) relève de l’hypocrisie la plus totale.
Que l’on soit favorable ou non à ce traité –copie conforme du projet de Constitution européenne, refusé par le peuple français en 2005- c’est à lui et à lui seul de s’exprimer à nouveau par référendum. C’est une question de cohérence et de démocratie.
Les socialistes ne peuvent accepter l’argument de Nicolas Sarkozy, qui prétend, contre toute réalité, qu’il s’agirait d’un « traité simplifié », d’un « mini traité », qui n’a pas à être soumis aux Français.
Ils ne peuvent non plus baisser les bras, en considérant que N.Sarkozy, parce qu’il a été élu, peut imposer sa volonté. Il se trouve que le référendum peut être obtenu. Il suffit pour cela que la révision constitutionnelle soit rejetée au Congrès de Versailles par 2/5 des parlementaires, ce qui est faisable. Boycotter ce congrès, c’est donc accepter que le référendum n’ait pas lieu.
Pourtant, d’après un sondage (peu popularisé en France), plus de 70% de nos concitoyens sont favorables à ce référendum ! Il serait d’ailleurs souhaitable que de nouveaux sondages ou enquêtes soient organisés par les médias et les sites Internet, habituellement très friands de cette méthode de « mesure de l’opinion ». On verra bien alors ce que pensent les Français.
J’ose espérer que les socialistes, la gauche, mais aussi ceux, au centre et à droite qui considèrent que la démocratie n’est pas négociable, ne laisseront pas s’accomplir ce véritable déni de démocratie, car c’est bien de cela qu’il s’agit.
Ce n’est pas non plus en privant les peuples de débat et d’expression qu’on permettra l’appropriation de la construction européenne par les Européens.
Sous des apparences techniques, ce dossier est finalement emblématique d’une vision de la politique, de la démocratie et même de la morale.