Razzy Hammadi est secrétaire national du Ps à la riposte et animateur
de Nps. Il réagit à la candidature de Ségolène Royal à diriger le Ps.
(publié dans le journal 20 mn)
Avez-vous été surpris par l’annonce de Ségolène Royal, vendredi, de se
porter candidate au poste de Premier secrétaire du Parti socialiste ?
Non,
Ségolène Royal est légitime à se porter candidate. Mais ce qui me
surprend c’est le rythme et le contexte. Nous allons l’encontre de ce
que doit être notre mission: nous opposer à la droite et réfléchir à
notre offre politique. Chaque jour en rajoute au pathétique : le nombre
de candidats au poste de premier secrétaire n’est pas proportionnel au
nombre d’idées nouvelles de rénovation présentées.
Comment l’expliquez-vous ?
Tout
cela participe d’un emballement, d’un jeu d’estrade. On court derrière
l’image et la dépêche AFP, comme si le bruit médiatique était
proportionnel à notre capacité à convaincre les militants! Pour le
moment, la plupart de candidats déclarés sont issus des mêmes majorités
d’idées qui se suivent et se ressemblent depuis plus de 10 ans. Nous
devrions réfléchir à l’intérêt général de notre camp plutôt qu’aux
intérêts particuliers de nos clans. Entendre chaque jour «Je suis
candidat ou candidate» plutôt que «nous sommes candidats à
l’alternative», à un moment, ça va se payer. Les militants ne se
laisseront pas guider par le bout du nez en ce qui concerne leur choix
idéologique. Une bonne partie d’entre eux a été vacciné.
Ségolène Royal annonce le soutien de 25 premiers secrétaires fédéraux, c’est une démonstration de force ?
Ce
n’est pas en balkanisant le parti socialiste — et je dis ça pour tous —
que l’on arrivera à la rassembler autour d’une orientation politique
nouvelle. On sera bien avancé quand chacun aura montré ce qu’il a dans
le biceps. Il faudra avoir affiché ce que chacun a dans la tête et en
avoir discuté ou débattu.
Le parti socialiste a tout de même besoin qu’un leader se détache...
Il
y a pire qu’un parti sans leader. C’est un parti sans projet ou un
leader sans projet. C’est la direction du parti qui doit être discutée
et donc son orientation. Il faut une majorité nouvelle, en capacité de
produire une offre politique nouvelle et qui prenne acte des
transformations du monde auquel nous sommes confrontés. Nous avons des
candidats qui sur le fond, surtout économique, incarnent la modernité
des années 80 et 90. C’est l’archaïsme de notre génération. Au NPS,
notre priorité est à l’émergence d’une 3e voie, une orientation
nouvelle et un nouveau collectif.
Comment comptez-vous vous y prendre ?
Le
NPS rendra public un certain nombre d’initiative la semaine prochaine,
avec un contenu politique fort et des porte-parole incarnant une
nouvelle génération politique. Nous savons que d’autres sensibilités et
d’autres personnalités sont prêtes à se rejoindre afin de faire en
sorte que ce congrès du PS ne soit pas une joute d’ego mais celui du
changement. Je suis convaincu que le duel annoncé ne sera pas la finale./.
Recueilli par Johan Hufnagel