Article de Sylvia Zappi dans Le Monde.
"Il est hors de notre portée de peser de quelque façon que ce soit sur l'orientation du PS", constate M. Mélenchon. Il a donc décidé de tourner la page du Parti socialiste.
Celle de ses vingt ans de militantisme, qu'il a parcourue de la section de Montaigu dans le Jura jusqu'au bureau national. Et aussi celle de sa voix restée minoritaire dans un parti qu'il juge définitivement coupé du peuple de gauche. Avec son allié le député du Nord Marc Dolez, le sénateur de l'Essonne a annoncé, vendredi 7 novembre, au lendemain des résultats du vote des militants, qu'il quittait le PS. "Avec trois motions qui disent la même chose, représentant 80 % des suffrages, l'orientation prédominante au PS est confirmée. L'ancienne majorité élargit son assise et ceci avec une motion, celle de Ségolène Royal, qui se prononce pour des alliances avec le centre", ont-ils assuré en duo lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale.
Or, pour eux, ces orientations ont mené la social-démocratie européenne à l'échec, tant en Allemagne qu'en Italie. Les deux opposants historiques, déjà alliés lors de la bataille pour le non au référendum européen, alors que le PS faisait campagne pour le oui, estiment que la gauche du parti ne peut plus peser désormais en interne. Ils ont refait leurs comptes : en 2003, au Mans, les courants se réclamant de la gauche du PS pesaient 39 % ; en 2005, près de 40 %. Réunis cette fois-ci, ils n'ont obtenu "que" 19 %, disent-ils.
Les deux hommes, comme leurs troupes respectives, ne veulent plus faire semblant de jouer. Ils n'iront donc pas au congrès de Reims les 14, 15 et 16 novembre. "Pas question de participer à cet immense complot à ciel ouvert qui va décider qui va diriger le PS", grince le sénateur.
Ils veulent désormais créer une "nouvelle force", un "parti sans concession avec la droite", en s'adressant à "tous ceux qui sont disponibles à gauche", et particulièrement ceux qui s'étaient retrouvés dans la campagne du non au référendum, en mai 2005, puis dans la recherche d'une candidature unitaire à la présidentielle. Le profil de ce futur parti n'est pas encore clairement défini. Il le sera un peu plus le 12 novembre après consultation des militants ce week-end. Ce sera un parti "républicain, unitaire, sans concession avec le capitalisme et qui a vocation à gouverner", précise tout de même François Delapierre, bras droit de M. Mélenchon. Un site lui est déjà dédié.
En attendant de trouver des partenaires pour le lancer, les deux démissionnaires veulent poser une première pierre pour les élections européennes de juin 2009. Ils lancent donc un appel en direction du PCF, mais aussi du Nouveau Parti anticapitaliste d'Olivier Besancenot, pour la constitution d'un "front de gauche" afin de constituer des listes communes. Jean-Luc Mélenchon sait qu'il trouvera un écho au Parti communiste, qui avait lancé un appel similaire lors de son dernier conseil national le 24 octobre./.
Voir le site : http://www.casuffitcommeca.fr/index.php/