La situation des droits de l'homme reste " dramatique " en Chine. " Les manuels scolaires, les journaux, tout ressemble à ce que l'on trouve dans le roman 1984 - de George Orwell - " (Zeng Jinyan)
Condamné, le 3 avril, à trois ans et demi de prison pour " incitation à la subversion du pouvoir de l'Etat et du système socialiste ", le dissident chinois Hu Jia n'était pas à Strasbourg, mercredi 17 décembre, pour recevoir le prix Sakharov 2008 de la liberté de pensée décerné par le Parlement européen. M. Hu a été condamné pour des propos publiés sur Internet et dans la presse étrangère.
Placée en résidence surveillée, son épouse, Zeng Jinyan, était aussi absente [mais a pu diffuser un message vidéo dans la grande salle du Parlement].
Présente à Strasbourg, Elena Bonner, veuve de l'ancien dissident soviétique Andreï Sakharov, a fait le parallèle entre le régime russe et le pouvoir chinois : " Ce sont deux régimes autoritaires que l'on peut comparer à ce qu'étaient les régimes fascistes dans le passé ", a-t-elle estimé.
La remise du prix survient dans un contexte de tensions entre l'Union européenne (UE) et la Chine. Pékin reproche, notamment, au président en exercice des Vingt-Sept pays de l'UE, Nicolas Sarkozy, d'avoir rencontré, le 6 décembre, en Pologne, le chef spirituel des Tibétains, le dalaï-lama. La Chine avait alors annulé le sommet avec l'UE prévu le 1er décembre. Les Vingt-Sept n'en ont pas moins dénoncé l'arrestation d'un autre dissident, Liu Xiaobo.
Les autorités chinoises avaient vivement protesté lorsque les eurodéputés avaient attribué le prix à Hu Jia. Mercredi, Hans Gert Pöttering, président du Parlement, a souhaité qu'une délégation puisse lui remettre sa récompense lors d'une visite officielle en Chine. " L'Europe a besoin de la Chine, et la Chine a besoin de l'Europe. Lorsque nous parlons des droits de l'homme en Chine, nous le faisons en tant qu'amis du peuple chinois ", a-t-il déclaré.
Philippe Ricard, dans Le Monde du 9 déc 08