La candidate du Ps débat samedi à 11h, sur Bfm-Tv et Rmc, avec l'ex-candidat de l'Udf sur le choix du 6 mai, et invite l'Udf à rejoindre son pacte présidentiel. D. Strauss-Kahn y voit (sur Europe 1) "une occasion historique pour que la donne change", "sortir du vieux clivage" et "faire vivre dans notre pays une force de gauche et de centre-gauche". J. Dray insiste au contraire sur l'aspect tactique de la démarche qui ne représente pas un renversement d'alliance et JL Bianco précise qu'il ne sera rien retranché des 100 engagements du pacte de Ségolène Royal. L. Fabius (dans Le Parisien) écarte "les tractations et discussions d'état-major" avec l'Udf et insiste sur la diversité des électeurs de Bayrou, d'abord réunis par une volonté de changement. H.Emmanuelli abonde en ce sens. JL Mélenchon analyse l'ampleur du vote Bayrou comme conjoncturelle, contradictoire, et pointe le risque, notamment électoral, d'un virage centriste de la campagne socialiste (voir ici)
« Le centre n’existe pas en tant qu’entité politique au niveau imposant du vote pour François Bayrou. Pour l’instant il y a un résultat électoral mais le lien du candidat de l’UDF avec ces électeurs est encore très personnel, contextuel et conjoncturel. La composition politique de son électorat est très contradictoire. Sauf erreur de traitement de notre part, il est instable et c’est un atout pour nous. C’est l’objectif de François Bayrou de fondre tout ceci et de l’homogénéiser dans la durée.
.../...
S'adresser aux électeurs de M. Bayrou est une chose. Entrer dans une logique d'alliance comportant des ministres au gouvernement et des accords de désistement dans les circonscriptions en est une autre. S'adresser aux électeurs, et le faire d'une manière convaincante, par l'entremise d'un débat public, mille fois oui. C'est ainsi que l'on peut faire de ce 2e tour un moment de débat transparent et utile aux citoyens. D'autant que de nombreux électeurs de M. Bayrou ont voté pour lui de manière contextuelle, le pensant le mieux placé pour battre Nicolas Sarkozy. Une grande partie d'entre eux sont des électeurs de gauche, mécontents du Parti socialiste, qu'ils ont jugé en décalage avec leurs attentes. Je pense, par exemple, à certains enseignants. Il y a aussi ces millions de citoyens qui participent à des élections pour la première fois. Ce sont des coeurs à prendre. Ils devront faire, au deuxième tour, un choix différent du premier. Il faut évidemment s'adresser à eux, les convaincre. Mais un accord politique avec l'UDF relève d'un tout autre registre. Une large part des électeurs de gauche y est opposée. Parmi ceux qui ont choisi Ségolène Royal le 22 avril se trouvent, en outre, des communistes, des altermondialistes ayant pratiqué le « vote utile ». Ceux-là sont d'accord pour un débat avec les électeurs de M. Bayrou. Pas avec un accord politique. Nous devons en tenir compte.
.../...
Mais certains voient dans cette séquence politique l'occasion rêvée d'accomplir ce que les socialistes français ont refusé ces trente dernières années : pousser le PS à un changement de centre de gravité. [La clef de la victoire de Ségolène Royal] est dans le rassemblement de la gauche, dans le travail d'éducation populaire de terrain et dans l'interpellation, que j'approuve, des électeurs de M. Bayrou. Le centre n'existe pas. Ce qui existe, ce sont les électeurs de M. Bayrou, qui devront faire un choix au second tour. »
Déclarations de Jean-Luc Mélenchon sur son blog et dans la presse quotidienne, 25/27 avril
http://www.jean-luc-melenchon.fr/
Communiqué du député des Landes, Alain Vidalies, secrétaire national du Ps :
« Il apparaît légitime de s’adresser aux électeurs de Bayrou comme à tous les électeurs du premier tour. Mais la décision d’engager une discussion programmatique, la perspective d’un accord électoral entre l’UDF et le PS, l’hypothèse d’un gouvernement avec des ministres UDF, supposent une révision de la ligne stratégique constante du PS à nouveau confirmée lors du dernier congrès. Une telle évolution radicale, de nature à changer l’identité même du Parti Socialiste, ne peut s’improviser entre les deux tours d’une élection présidentielle. Elle suppose la tenue d’un débat franc et approfondi entre les partisans du rassemblement de la gauche, dont je suis, et ceux qui considèrent que l’avenir du Parti socialiste est désormais ailleurs. »
Déclaration d'Henri Emmanuelli (27 avril) :
« Il est normal qu’une candidate au second tour multiplie les efforts pour rassembler un maximum d’électeurs. Mais je ne pense pas qu’une campagne doive être assortie de tractations sur la composition du gouvernement ou le choix du Premier ministre. Comme je ne crois pas à un mixage de la gauche et de la droite. Ma conviction profonde est qu’une démocratie doit vivre normalement et sainement avec un camp progressiste et un camp conservateur ».
Considérant que « l'opposition entre antilibéraux et réformistes n’a aucun sens », l'ancien 1er secrétaire du Ps estime qu' « il est temps de bouger et de créer un grand parti progressiste, qui permette de référencer à nouveau la gauche. La base militante existe. Un parti de rassemblement, ouvert à toutes celles et ceux qui défendent des valeurs de progrès et de solidarité : laïcité, la régulation politique de l’économie de marché et la redistribution. »