Pervenche Berès analyse le discours de François Bayrou à Bruxelles: une prestation obligée qui n'est pas à la hauteur des enjeux.
Après un premier discours sur l’Europe à Strasbourg, passage obligé de tous les candidats à l’élection présidentielle, François Bayrou est donc venu à Bruxelles pour exposer ses idées sur la relance institutionnelle devant un parterre de spécialistes.
Tribune de Pervenche Berès, députée européenne, samedi 31 mars 2007, parue sur son blog : http://www.pervenche-beres.fr/
Son plaidoyer introductif sur les fondements de la construction européenne relevait plus d’un meeting que d’une conférence pour initiés censés lui remettre les lauriers du meilleur européen.
Quant au contenu de ses propositions, elles sont pour le moins insuffisantes :
Partant d’une analyse de la décision du peuple français qui s’impose à tout candidat à l’élection présidentielle, François Bayrou en tire des conclusions qui, en termes de formulation d’une réponse et d’un plan de relance ne sont pas à la hauteur des enjeux.
En effet, pour le président de l’UDF, les raisons du rejet du traité constitutionnel seraient à chercher dans la complexité du texte, qui manquait de clarté et de lisibilité pour les citoyens, ainsi que dans le projet de société libéral qu’il leur proposait.
Les Français se seraient donc bien exprimés sur le texte qui leur était soumis et non sur un contexte politique donné.
Ce constat étant fait, M. Bayrou ne propose malheureusement aucune réponse à ce rejet d’un projet libéral tel que contenu dans la partie III. Ses propositions de relance institutionnelle ne sont donc pas à la hauteur du message qu’il prétend avoir entendu. J’en veux pour preuve qu’à aucun moment, il n’a prononcé le terme d’Europe sociale ou le mot social tout court !
De même, M. Bayrou élude complètement la question du devenir de la Charte des droits fondamentaux.
En ce qui concerne la méthode, M. Bayrou se prononce en faveur d’une CIG + qui aurait cela de spécifique qu’elle comprendrait des parlementaires européens et nationaux. Le Parlement européen est déjà représenté lors des CIG. Peut-être alors M. Bayrou devrait-il développer un peu plus son idée et nous dire en quoi elle serait novatrice...
Enfin, le candidat ne nous dit pas comment il compte remporter un nouveau référendum en ayant fait l’économie d’une refondation du projet européen, autour de quoi il compte organiser cette refondation, comment il envisage la présidence française de l’Union, sur quels thèmes, comment il souhaiterait utiliser la réouverture des négociations budgétaires. Encore une fois, si le constat, à savoir que la ratification ne pourra se faire que par voie référendaire, a le mérite de l’évidence, les solutions manquent.
Passons sur le non-sens d’un noyau dur autour des six chantiers qu’il propose sans hiérarchie ou dynamique, puisqu’à l’évidence une politique d’immigration et une diplomatie commune ne sauraient se restreindre au cercle de la zone euro.
Une prestation obligée pour un candidat qui se revendique être le plus européen de tous et qui malgré ses prétentions de faire de la politique autrement ne parvient pas à dépasser le catalogue dans ses propositions.