La sagesse des électeurs a permis que le second tour des élections législatives vienne contredire les prédictions apocalyptiques d’une «vague bleue» et donne à l’Assemblée nationale une image plus conforme à la réalité politique de la France. Les erreurs du gouvernement et les violentes diatribes du Premier ministre contre la gauche ont indiscutablement favorisé ce salutaire rééquilibrage du rapport de forces politique. Pour autant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt.
Tribune publiée sur Libération.fr du 25 Juin 2007
Pour la troisième fois consécutive, la gauche échoue à l’élection présidentielle. Peu de militants ou tout simplement d’hommes et de femmes de gauche mettent en doute l’idée qu’une «refondation» s’impose après ce qu’il est difficile de ne pas appeler un échec.
Encore faut-il s’interroger sur les causes profondes de cet échec, qu’on ne saurait réduire à quelques mises en cause organisationnelles, médiatiques ou personnelles. Celles et ceux qui se reconnaissent dans la gauche, déçus et parfois découragés, attendent qu’une réflexion sérieuse permette de retisser les liens de l’espoir. Quelles sont précisément les exigences auxquelles cette réflexion doit répondre pour atteindre son but ? Elle doit d’abord être un préalable à toute opération de nature organisationnelle visant à rénover, voire reconstruire, la gauche. On ne peut en effet refonder un édifice que sur des bases solides, qui se nomment ici «valeurs». Elle ne peut se limiter à l’affrontement entre des concepts mal définis, des slogans ou des vœux pieux, mais au contraire aborder sans tabou toutes les questions qui nous interpellent aujourd’hui : les valeurs fondamentales de la gauche, le clivage gauche-droite, la base sociale de la gauche d’aujourd’hui, la gauche et le monde, la bataille des idées, l’hégémonie culturelle. Elle doit prendre en compte l’évolution du monde et de la société, les nouveaux enjeux planétaires et les nouvelles aspirations. La modernisation de la gauche ne doit pas conduire pour autant à une confusion avec les valeurs de la droite. Elle doit se faire à l’écart des luttes de personnes, des anathèmes, des jeux de pouvoir, qui vont probablement marquer la scène politique à gauche dans la prochaine période. Elle ne doit naturellement pas pour autant se substituer aux débats qui se dérouleront dans d’autres lieux, notamment au sein des partis politiques. Elle doit associer largement les militants des diverses organisations de gauche et les simples citoyens qui souhaitent, avec leurs différentes sensibilités, contribuer à enrichir la réflexion.
C’est ainsi, en répondant aux cinq exigences que je viens d’évoquer, que Gauche Avenir peut apporter une contribution forte à la nécessaire refondation de la gauche. Telle est notre ambition.
Par Paul Quilès est signataire de l’appel www.gaucheavenir.org