Depuis 5 jours, 181 mineurs sont bloqués dans deux mines inondées de l'est de la Chine. L'espoir de pouvoir les sauver est à présent quasi nul. Caï Chongguo, un dissident chinois habitant à Paris, s'alarme du sort des mineurs de son pays natal. Entretien par Hélène Foyer (L'Express, 22/8/07)
Comment expliquer la récurrence des accidents dans les mines ?
Le gouvernement chinois a procédé à partir des années 90 à une privatisation massive des mines de charbon. Les entreprises privées cherchent à réaliser un maximum de profits, en profitant de la hausse des prix. Elles n’investissent pas dans la sécurisation de leurs sites. En plus, les mineurs professionnels ont été licenciés pour être remplacés par des paysans moins qualifiés, originaires de provinces lointaines et pauvres, donc moins chers.
Les patrons des mines ne se soucient guère des conditions de travail de leurs employés...
Plus de 80% des accidents se produisent dans des petites mines, employant 10 à 30 mineurs. Les conditions y sont pires qu’au XIXe siècle: les salariés effectuent 10 heures de travail par jour. Ils ne bénéficient pas d'une couverture sociale et ne peuvent cotiser pour leur retraite. Les syndicats y sont interdits. Même les journalistes n’ont pas accès à ces sites.
Il existe pourtant une réglementation sur le droit du travail.
Bien sûr, mais ce n’est pas appliqué, pour les raisons que je viens d'évoquer. S'y ajoute la corruption au niveau des dirigeants politiques locaux, dont beaucoup sont actionnaires des mines de leur région. Le gouvernement de Pékin a conscience du problème: la Commission nationale de sécurité de la production effectue des contrôles. Une dizaine de milliers de mines ont beau avoir été fermées depuis deux ans, il en ouvre autant d'autres dans le même temps, souvent clandestinement. En Chine, personne ne connaît le nombre exact de sites miniers. En 2005, les chiffres officiels évoquaient 5 000 morts dans les mines. Nous pensons qu’il y en a deux à trois fois plus en réalité.
Les mineurs sont-ils les seuls à subir ce calvaire dans le pays ?
Non, les ouvriers d'usines de fabrication de jouets et de chaussures, dont beaucoup sont des enfants, travaillent parfois jusqu'à 12h par jour./.