Source : Blog de Paul Quiles
Mais voici maintenant le ministre des affaires étrangères de N. Sarkozy qui dément, qui s’empêtre dans ses déclarations, qui se contredit, qui a été « mal compris », qui est « l’objet d’un complot médiatique » (sic)…. S’agirait-il donc d’une banale bévue, comme B. Kouchner en est coutumier ? Le chef de notre diplomatie, décidément bien assorti au maître de l’Elysée et des médias, serait-il une sorte de cow-boy « qui tire plus vite que son ombre » ? Cette hypothèse serait déjà bien ennuyeuse pour notre pays, qui se verrait ridiculisé sur la scène internationale par des propos aussi légers tenus par un haut responsable français. Comment ne pas constater par ailleurs que les tentatives de B. Kouchner, cherchant à minimiser la portée de sa déclaration, ne sont pas convaincantes, quand on se souvient de ses déclarations favorables à l’intervention américaine en Irak, dont nous avons été nombreux à prévoir les conséquences calamiteuses.
En réalité, il existe une autre hypothèse, malheureusement plus grave : c’est que la phrase incriminée n’ait pas été prononcée par hasard ! Je m’explique. Cet été, la rencontre entre Bush et Sarkozy aux Etats- Unis n’avait pas pour finalité une aimable discussion sur leurs vacances respectives ! Il est très probable que, parmi les dossiers évoqués, celui de l’Iran ait donné l’occasion au Président Bush de faire part de son sentiment profond sur le sujet. D’après de hauts responsables américains, G. Bush, à un an de son départ de la Maison Blanche, est tenté de mener une opération forte, destinée à redorer son blason, bien terni tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des Etats- Unis. Il ne serait pas le premier à avoir ce genre d’idée, puisque, J. Carter engagea, juste avant le scrutin présidentiel, il y a 27 ans, une opération militaire….en Iran, qui se termina par un fiasco !
Ce message n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd et notre Président, si désireux de donner un nouveau cours aux relations franco- américaines, n’a sûrement pas manqué d’en rapporter la teneur aux ministres concernés (défense, affaires étrangères, …). Immédiatement, ceux-ci se sont empressés de traduire cette sensibilité dans leurs propos, le premier en prônant le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, l’autre en haussant le ton à l’égard de l’Iran.
Si l’on veut bien considérer le fond du problème, c'est-à-dire celui de la prolifération nucléaire et des menaces que font peser sur nous les pays non démocratiques ou « à risques » possédant l’arme nucléaire, il faut avant tout se demander si la meilleure façon d’y répondre est l’usage de la force militaire. On a bien vu que ce n’est pas la méthode qui a été suivie avec la Corée du Nord et la Libye. Ne parlons pas du Pakistan, que les Islamistes s’efforcent de déstabiliser et qui est soutenu par Washington, alors qu’il détient impunément l’arme nucléaire et qu’il n’est pas signataire du TNP (traité de non prolifération).
Pour l’Iran, la méthode des sanctions internationales décidées par l’ONU commence à porter ses fruits ; une procédure de vérification des installations nucléaires a été engagée. Au lieu de soutenir cette démarche avec l’AEIA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) et l’ONU, c’est le moment que choisit B. Kouchner pour demander que des sanctions soient prises de façon unilatérale par l’Union Européenne (l’Allemagne a immédiatement refusé) et pour annoncer que, selon lui, la guerre contre l’Iran est une « option » envisageable.
Hypothèse, renforcée par l’alignement spectaculaire de la diplomatie française sur la politique de G. Bush, paraît malheureusement crédible. Espérons que la pression populaire fera obstacle à un engagement de la France dans une opération militaire contre l’Iran, si, par malheur les Etats-Unis devaient se lancer dans une telle aventure.