Intervention devant le Conseil National du PS de Pascale Le Neouannic - 27 octobre 07 -Sur la question du nouveau traité, je rejoins Vincent Peillon sur l’idée que, sur le référendum, il faut que nous, les socialistes, en conscience, conformément à leurs décisions du précédent congrès, conformément à la position de la candidate à la présidentielle, nous nous prononcions et nous militions pour le référendum.
Je sais bien sûr que nous avions décidé de ne pas prendre de décisions sur la question européenne, aujourd’hui, je ne m’attendais pas non plus à intervenir sur ce thème et je n’en dirai que quelques mots.
Mais d’une certaine façon, moins nous intervenons dans nos instances, plus c’est à l’extérieur que l’expression s’organise au travers des tribunes de presse. Il faudra donc à un moment donné, entre nous, qu’on accepte l’idée que, si on veut qu’il y ait du respect, si on veut que nos instances ne soient pas que des réunions formelles, qui valident une décision prise ailleurs, à un autre moment, il faut donc à un moment donné que nous puissions discuter de ça.
Sur la question du nouveau traité, je rejoins Vincent Peillon sur l’idée que, sur le référendum, il faut que nous, les socialistes, en conscience, conformément à leurs décisions du précédent congrès, conformément à la position de la candidate à la présidentielle, nous nous prononcions et nous militions pour le référendum.
Sur la suite de l’expression de Vincent Peillon, permettez-moi de ne pas partager son point de vue, vous n’en serez pas étonnés, mais je pense que nous aurons le temps, je veux bien accepter l’idée que ce n’est pas maintenant que nous discutons de ça, parce qu’il y a deux votes et qu’il y a deux temps, et que la première chose et le premier temps, c’est le vote pour savoir si nous sommes oui ou non pour une adoption parlementaire ou référendaire. Je pense qu’en fidélité nous devons être pour l’adoption référendaire.
Le deuxième point sur lequel je voulais intervenir, c’est un autre sujet d’actualité, c’est notre rapport avec les mouvements sociaux. Le Premier secrétaire en a parlé dans son intervention et je crois que c’est bien de rappeler que, même si les socialistes sont tenus par un calendrier électoral celui des cantonales et des municipales et que pour nous c’est un rendez-vous important, il n’empêche qu’il y a aujourd’hui un mouvement social, des mouvements sociaux, sur lesquels et avec lesquels nous devons clarifier nos relations. Quand je dis clarifier nos relations, c’est parce que je crois que, d’une certaine façon, nous avons un peu tendance à considérer que, sur un certain nombre des sujets qui sont portés par la droite sur la question des régimes spéciaux de retraite, sur l’ensemble des questions sociales, sur la question des franchises, etc., nous attendons de voir quel est le rapport de force pour savoir si nous pouvons nous positionner. Bien sûr, régulièrement, on nous dit que le Parti socialiste n’est pas là pour être à la tête du mouvement social, bien sûr que non, il y a la charte d’Amiens. Mais le Parti socialiste est là pour donner une grille d’analyse, pour expliquer ce qui se passe.
La droite découpe les citoyens en rondelle, construit méthodiquement les oppositions entre l’usager des transports qui ne veut pas que le transport s’arrête, et les salariés qui défendent le service public des transports en insistant sur le fait que ces luttes ne seraient que des luttes corporatistes. Nous devons donner un sens et une cohérence à tout ce qui se passe, nous devons dénoncer la politique de Sarkozy qui veut et qui fait qu’il n’y a que des boucs émissaires pour justifier et expliquer la situation actuelle. La France va mal, c’est la faute aux étrangers. La sécurité sociale est en déficit, c’est la faute aux malades. Le service public et le travail vont mal, c’est parce qu’il y a le « carcan des statuts ». C’est en dénonçant cette méthode que nous pouvons nous positionner. Si nous en restons à une contestation sur les chiffres, qui est légitime, rappeler par exemple que sur le temps de travail les 35 heures ont créé 300 000 emplois, contrairement à ce que dit Sarkozy, si nous en restons sur la question des retraites par répartition à dire : la réforme sur les régimes spéciaux ne règlera pas le problème du financement, cela ne suffira pas. Bien sûr, nous avons raison de le dire. Sur la question des franchises, bien sûr que nous avons raison de dire que c’est de la démagogie de faire croire qu’on règlera le problème du déficit de la sécurité sociale avec les franchises.
Mais nous ne pouvons pas en rester, ni au débat sur les chiffres, ni au débat sur la méthode et le manque de concertation, car à partir de là on laisse entendre des choses qui participent de la confusion dans la tête de nos concitoyens. Que d’une certaine façon l’objectif recherché serait le même, et c’est dangereux. Qui peut croire ici, personne j’en suis convaincue, que la droite poursuit comme nous l’objectif de justice sociale ? Pas du tout. L’objectif d’égalité entre les citoyens ? Certainement pas.
Et c’est de cela dont il est question. Il ne faut pas que sur ces questions-là nous en restions simplement à l’idée, je reprends le sujet des régimes spéciaux de retraite, que la réforme serait légitime. Non, elle n’est pas légitime. Et notre faiblesse sur cette question-là, c’est que nous ne sommes pas en mesure de proposer des nouvelles avancées aux salariés du privé qui ont perdu beaucoup avec les lois Fillon, c’est à cause de cela que nous finissons par dire : finalement, nous n’avons pas d’autre solution parce que nous sommes pour l’égalité que d’abaisser les conditions de travail et d’augmenter le temps de travail.
Quand on est le Parti socialiste, quand on est le parti qui dit qu’il faut la réduction du temps de travail, à ce moment-là, est-ce que trouvez normal que nous intégrions nous-mêmes l’idée qu’il faudrait travailler plus longtemps parce que l’espérance de vie augmente ? Eh bien non. Il faut que nous repartions sur ce qui fonde les principes du socialisme : les questions de réduction du temps de travail, les questions d’égalité. Lorsque Sarkozy dit que notre société souffre d’un « trop plein de droits », nous devons face à son projet affirmer au contraire que notre société, nos concitoyens manquent de nouveaux droits.
Je veux vous alerter sur cela : le socialisme ne peut pas se contenter, s’il veut reprendre toute sa place dans le débat politique, d’une opposition en gants blancs ou d’une opposition technique, nous devons avoir une opposition frontale, je la crois nécessaire, salutaire, pour la gauche et pour le peuple français.