La BBC est à la source du projet de révolution de l'audiovisuel du Président. Journaliste spécialisé sur le monde anglosaxon, Eric DIor connait bien ce système.
Marianne.fr du Lundi 14 Janvier 2008
Prenant, une fois de plus, son fan-club à rebrousse poil, Nicolas Sarkozy déclare « réfléchir » à une suppression de la publicité à la télévision publique ! Qu'on se le dise ! Cette bête de scène, providence hebdomadaire de la presse « people », rêve, aussi, d'une « BBC à la française » qui renouerait avec le meilleur de la première chaîne des années soixante. Comme dans d'autres domaines, c'est dans l'Angleterre post-blairiste qu'il va chercher l'inspiration. Financée uniquement par la redevance « tante Beeb » (le surnom de la BBC) ne passe-t-elle pas pour un modèle de rigueur et d'indépendance à rebours du nivellement par le bas des médias hexagonaux ? La réalité est moins reluisante même si personne ne conteste la qualité des programmes diffusés par « Tantine » . Reste que pour ses critiques, la BBC ressemblerait de plus en plus à une star vieillissante qui espère camoufler, sous un excès de maquillage, les ravages du temps. Une imputation un tantinet outrancière car, en dépit de leurs concessions au show-biz, les programmes d'information des trois canaux publiques (BBC1, BBC2 et Channel Four) demeurent sans égal. On voit mal quelle chaîne française oserait, comme « Newsnight », le journal du soir de BBC2, consacrer 15 minutes au conflit du Darfour ou aux enjeux des élections en Bolivie.
Des programmes sans pub mais tirés vers le bas
Il n'empêche que , pour nombre de Britanniques, la BBC est d'autant plus inexcusable de parfois, viser bas, qu'elle est financée par les contribuables et relativement à l'abri des aléas de l'audimat. C'est même parce que sa direction est protégée d un tel couperet qu'elle peut multiplier les erreurs. Même « Mastermind », vénérable émission inspirée à l'origine par notre « Quitte ou double ». Jusqu'ici, les finalistes étaient tenus de montrer une solide culture générale. Désormais on se contente de les interroger sur les programmes télévisés ! « La BBC ne doit plus tenir compte des critiques de la classe moyenne éduquée mais plutôt des observations du jeune immigré pakistanais de Leicester » résume une note de sa direction. Une façon élégante de taxer de xénophobie quiconque déplore l'éviction de nombre de vieux routiers du reportage au bénéfice d'histrions à la chevelure calamistrée. Une pareille note affiche d'ailleurs des préjugés raciaux en partant du principe que l'adolescent en question est par définition réfractaire aux émissions de qualité. Depuis sa création, en 1922, la BBC était administrée par des gouverneurs –pour la plupart de vieux gentlemen souvent extérieurs au monde des médias- qui s'interposaient, chaque fois que nécessaire, entre la corporation et le gouvernement. Cette structure unique avait contribué largement à son prestige.
La révolution neolibérale change tout
Tout change à la fin des années 80, lorsque Margaret Thatcher installe à sa tête des apparatchiks néo-libéraux. A son siège, les vestes destructurées des managers ont remplacé sur les portemanteaux les pelisses des vieux gentlemen qui l'administraient. Ses journalistes avaient d'ailleurs accueilli avec une incrédulité railleuse ces gestionnaires « new wave ». Ils avaient tort de rire sous cape. « Désormais il est bon d'éviter les mots de plus de trois syllabes » se désole l'un de ses producteurs, placardisé pour cause d'excès de cérébralité ; l'accusation d'élitisme va permettre de mener à bien l'épuration des rédactions. Fini de rire ! La peur et le mouchardage vont s'installer dans une maison où chacun avait jusque là son franc parler. Au nom de l'externalisation des coûts, la BBC va aussi sous-traiter à des firmes privées la logistique des émissions. Bien loin de réduire les frais, cette privatisation larvée fera, au contraire, proliférer comme jamais sa bureaucratie d'autant que les nomenklaturistes ne manqueront pas de s'allouer des salaires mirobolants et des frais de représentation fastueux, tout en prêchant la frugalité à leurs troupes. Aujourd'hui, alors que les licenciements redoublent pour cause d'économie, le syndicat des journalistes (NUJ) prie les dirigeants de la corporation de « montrer l'exemple » en restituant leurs copieux bonus. Mark Thompson, son directeur-général touche une paye annuelle d'environ 750.000 euros soit trois fois le salaire du premier ministre Gordon Brown ! Sans parler du coût de ses tiquets d'avion (40.000 £) pour assister notamment, aux frais de Tantine, à des tournois de golf dans le but –qui sait ?- d'améliorer sa culture général. Triste !
Des programmes sans pub mais tirés vers le bas
Il n'empêche que , pour nombre de Britanniques, la BBC est d'autant plus inexcusable de parfois, viser bas, qu'elle est financée par les contribuables et relativement à l'abri des aléas de l'audimat. C'est même parce que sa direction est protégée d un tel couperet qu'elle peut multiplier les erreurs. Même « Mastermind », vénérable émission inspirée à l'origine par notre « Quitte ou double ». Jusqu'ici, les finalistes étaient tenus de montrer une solide culture générale. Désormais on se contente de les interroger sur les programmes télévisés ! « La BBC ne doit plus tenir compte des critiques de la classe moyenne éduquée mais plutôt des observations du jeune immigré pakistanais de Leicester » résume une note de sa direction. Une façon élégante de taxer de xénophobie quiconque déplore l'éviction de nombre de vieux routiers du reportage au bénéfice d'histrions à la chevelure calamistrée. Une pareille note affiche d'ailleurs des préjugés raciaux en partant du principe que l'adolescent en question est par définition réfractaire aux émissions de qualité. Depuis sa création, en 1922, la BBC était administrée par des gouverneurs –pour la plupart de vieux gentlemen souvent extérieurs au monde des médias- qui s'interposaient, chaque fois que nécessaire, entre la corporation et le gouvernement. Cette structure unique avait contribué largement à son prestige.
La révolution neolibérale change tout
Tout change à la fin des années 80, lorsque Margaret Thatcher installe à sa tête des apparatchiks néo-libéraux. A son siège, les vestes destructurées des managers ont remplacé sur les portemanteaux les pelisses des vieux gentlemen qui l'administraient. Ses journalistes avaient d'ailleurs accueilli avec une incrédulité railleuse ces gestionnaires « new wave ». Ils avaient tort de rire sous cape. « Désormais il est bon d'éviter les mots de plus de trois syllabes » se désole l'un de ses producteurs, placardisé pour cause d'excès de cérébralité ; l'accusation d'élitisme va permettre de mener à bien l'épuration des rédactions. Fini de rire ! La peur et le mouchardage vont s'installer dans une maison où chacun avait jusque là son franc parler. Au nom de l'externalisation des coûts, la BBC va aussi sous-traiter à des firmes privées la logistique des émissions. Bien loin de réduire les frais, cette privatisation larvée fera, au contraire, proliférer comme jamais sa bureaucratie d'autant que les nomenklaturistes ne manqueront pas de s'allouer des salaires mirobolants et des frais de représentation fastueux, tout en prêchant la frugalité à leurs troupes. Aujourd'hui, alors que les licenciements redoublent pour cause d'économie, le syndicat des journalistes (NUJ) prie les dirigeants de la corporation de « montrer l'exemple » en restituant leurs copieux bonus. Mark Thompson, son directeur-général touche une paye annuelle d'environ 750.000 euros soit trois fois le salaire du premier ministre Gordon Brown ! Sans parler du coût de ses tiquets d'avion (40.000 £) pour assister notamment, aux frais de Tantine, à des tournois de golf dans le but –qui sait ?- d'améliorer sa culture général. Triste !