Nous voila fixés. Pour Nicolas Sarkozy les résultats du premier tour sont encourageant dit-il. Et même davantage. Depuis dimanche soir la machine de propagande de la droite tourne à plein régime sur ce registre, de toutes les façons possibles. C’est de bonne guerre. C’est même vital. Comment continuer un panzer quinquennat si la première élection est analysée comme un désaveu, moins d’un an après la présidentielle ?
Source : Blog de http://www.jean-luc-melenchon.fr/
C’est davantage que le sort de monsieur Sarkozy qui est en cause se disent les puissants! C’est la stabilité même du pays qui peut être secouée pour de bon si en haut on ne peut plus quand en bas on ne veut plus. C’est le moment qu’ont choisi de pitoyables amateurs à gauche pour tomber dans tous les panneaux qui leur ont été tendus sur le chemin. Premier mauvais point : s’être trompé de repère politique pour analyser les résultats. L’élection politiquement parlante c’est la cantonale. L’embrouillamini de la mosaïque municipale y est effacé. Restent les bulletins personnels avec les sigles de partis. Restent deux camps : pour la majorité départementale, à droite ou à gauche, point barre. Deuxième mauvais point. Avoir ouvert stupidement le débat sur le Modem, avoir accepté d’y participer et d’en faire l’arbitre de l’élection. Stupide. Une niaiserie de débutant. Le sort des villes de gauche se joue avec « l’autre gauche ». Je désigne sous ce nom ce que la nomenclature des biens pensant baptise « extrême gauche ». Dans tous ces cas la mandoline envers le Modem est un vomitif électoral pour toute conscience de gauche, une incitation absurde à l’abstention. Troisième mauvais point face aux communistes, nos alliés partout sans lesquels pas une ville ne peut rester ou passer à gauche! Qui a décidé de déclencher cette guerre injuste, stupide, et contraire aux principes élémentaires de la solidarité à gauche, que l’on appelait « la discipline républicaine », en maintenant des listes au deuxième tour contre celles arrivées en tête et conduites par les communistes en Seine Saint Denis ? Des "mauvais joueurs" comme le dit avec mesure Marie Georges Buffet ? De dangereux irresponsables, selon moi. Car ainsi est donné un signal absurde et criminel à tout le pays où les communistes, partout, sont indispensables pour assurer les victoires de la gauche au deuxième tour. Rien dans la gestion de gauche des sortants, à laquelle les socialistes ont été profondément associés, ne justifie cette attitude. Seulement du "pousse toi de la que je m’y mette", sans principe ni dignité. C’est donc une provocation qui ne sert que la droite dans le pays. J’approuve Julien Dray, porte parole du PS, qui a flétri cette attitude. Je souhaite de toutes mes forces que les électeurs de gauche y mettent bon ordre en sanctionnant massivement et nettement les diviseurs !
NE PAS SE TROMPER DE REPERE.
L’élection cantonale est implacable. 47,5 pour la gauche, 40 pour la droite. La droite a perdu la gauche a gagné. Un point c’est tout. Donc monsieur Sarkozy est désavoué. Sa politique et sa personne. Qu’il dise le contraire se comprend. Mais nous devons nous avoir des pudeurs de gazelle plutôt que d’appeler les choses par leur nom ? Ce qui se joue c’est une dynamique de deuxième tour. La force va à la force. Et les nôtres ont besoin de se sentir forts. Car la leçon, pour nous la gauche, c’est que les quartiers populaires n’ont pas bougé comme ils auraient dus. Loin de là. Ce n’est pas à eux que s’adresse le reproche, bien sur. Mais à nous (je me compte dans cet ensemble si cela peut aider à la lecture de cet argument) qui n’avons pas su faire ce qu’il fallait pour politiser l’élection en montrant son enjeu national, la situer. Les communistes et l’autre gauche ont bien fait ce travail. Mais comme Ségolène a immédiatement surgit avec ses bêtises sur « l’alliance avec le MODEM partout », grasseyée sur toutes les chaines de télé et de radios dès vingt heures le travail de leurre de la droite a été amplement facilité. Pourquoi ? Qui a intérêt à placer au centre du débat cette question ? La droite. Pourquoi ? Parce qu’elle fait coup double. D’une part c’est la pagaille garantie à gauche. Exemple, Pau. Les camarades sur place ont du être content d’entendre la madame prôner des alliances partout avec ceux qui localement et sous la signature de leur chef suprême appellent à voter pour battre « la liste socialo-communiste », comme au bon vieux temps de la guerre froide ! Moderne ! Equilibré ! D’autre part agiter l’alliance du Modem et de la gauche c’est la radicalisation de l’électorat de droite facilitée, soit qu’il ait voté Modem au premier tour, soit qu’il se soit abstenu. Si le Modem ça peut être la gauche alors l’électeur de droite retourne à sa famille et seuls les mickeys de la deuxième gauche et les bois flottant de la politique, dans le meilleur des cas, suivent la consigne. C’est si dur que ça à comprendre ? Enfin c’est la confusion promise pour la lecture des résultats. Ce n’est pas pour rien que le Figaro titre sur le fait que Bayrou « rend le deuxième tour illisible ». Bref l’installation du Modem au centre du débat est une astuce qui fonctionne au seul profit de la droite.
L’AUTRE GAUCHE TIENT LA VRAIE CLEF
Les scores communistes, ceux de l’autre gauche là où elle parvient à présenter des listes sont la clef de la victoire dans nombre de cas dans le pays. Autrement plus que les sornettes sur le MODEM. Plutôt que des phrases dont je n’ai plus le temps à cette heure, voici des cas significatifs, à la file, pour aider à éclaircir la compréhension de ce qui se passe vraiment. Ceux où la gauche ne peut l’emporter sans « l’autre gauche ».
Toulouse (ville dirigée par la droite 390 000 habitants). Droite 42,5 % + Modem 6 % ; PS-gauche 39 %. Qui est la clef ? le MODEM rallié à la droite ? Non. Total de «l’autre gauche» : 11,65 %. C’est-à-dire : liste Simon : 5,42, liste LCR : 5,07 ; liste LO : 0,83 ; liste PT : 0,33.
Amiens (ville dirigée à droite 135 000 habitants). Droite 39 % ; PS-gauche 41,5 %. Arbitre ? L’autre gauche avec 9,5 %. C’est-à-dire liste LCR :6,5 % ; liste LO : 3 %.
Saint Brieuc (ville sortant droite 45 000 habitants). Droite 44,5 % ; PS-gauche 40 %. Total autre gauche (trois listes) : 11,35 %
Bar le Duc (ville sortant droite 17 000 habitants). Droite 44,5 % PS-gauche 41,5 %. Autre gauche : 10 %
Pau (ville UMP-exPS de 78 000 habitants). PS-gauche : 34 % Bayrou 32,5 % UMP-exPS 28 %. Qui a la clef ? LCR 5,7 %
Nancy (ville sortant droite 100 000 habitants). Droite 47 % PS-gauche 28 % ; Modem 14,5 %Total autre gauche (deux listes) : 10 % !
Dans toutes ces villes la danse du ventre nationale devant le Modem est une absurde contorsion. Sans oublier celles où la reconduction de l’équipe de gauche dirigée par les socialistes dépend des voix de l’autre gauche très directement. Des exemples ?
Agen (ville PS-gauche, 30 000 habitants). Droite 48,5 % PS-PC-Verts-PRG-MRC : 44 %. La réserve ? LCR : 7,5 %
Quimperlé (ville PS 11 000 habitants). Droite 45 % ; PS-PC-Verts-PRG-MRC : 39,5 % La réserve ? Une liste menée par la LCR avec 15,5% !
Et n’oublions pas non plus ces villes où la gauche est en tête et bien placée toute seule mais où l’autre gauche est également très forte.
Brest (ville PS de 150 000 habitants), total autre gauche : 10,5%
Clermont Ferrand (ville PS de 140 000 habitants). Liste LCR 13,8 %
Sotteville les Rouen (ville PS de 30 000 habitants). PS-gauche 59,5 %. Total autre gauche (deux listes) : 19 % !
J’en reste là pour ce soir. Demain je vais à Clermont Ferrand. Je vais soutenir une camarade, Patricia Guillot, conseillère générale socialiste sortante, pour le second tour de son renouvellement cantonal. Le maire de la ville, quant à lui, ne veut pas d’accord technique avec la liste de la LCR. Pourtant la LCR siégeait déjà au conseil municipal. Et il y a des membres de LO sur la liste de gauche. Comprenne qui pourra ! Mais Patricia est, à gauche, un trait d’union. C’est cela que je vais aider. Les unitaires sont les points d’appui du futur de la gauche. Partout il faut les aider et leur permettre de faire la démonstration que c’est de ce côté que l’on veut aller.