Le secrétaire général de la FSU, Gérard Aschieri, pense que les propos du Président sur l’inefficacité des grèves «va donner envie aux plus militants de le démentir», et dénonce une «volonté» «d’instrumentaliser les partenaires sociaux».
Propos recueillis par François Vignal, Liberation.fr du 7 juillet 2008.
Pourquoi Nicolas Sarkozy se permet-il de provoquer les syndicats de la sorte ?
Il y a deux raisons: quand il dit cela, il est devant un parterre conquis. Il ne résiste pas au plaisir d’un sarcasme pour faire plaisir à son auditoire. C’est un propos de meeting, de tribune. D’ailleurs sur les images, on voit juste avant qu’il a un grand sourire, il jubile à l’avance.
Mais je pense que ses propos ne sont pas une erreur. Ça correspond à un choix politique, dans une situation difficile dans les sondages, de faire un signe à la partie la plus à droite de sa majorité et de son électorat. Il s’appuie sur le fait qu’en juin les initiatives sociales n’ont pas eu le succès escompté, c’est vrai. Mais on ne peut pas en tirer de conclusions sur un mouvement social dans son ensemble. Deux semaines avant, le mouvement du 15 mai dans la fonction publique était un succès. Il n’aurait pas eu besoin d’annoncer le service minimum d’accueil s’il le mouvement était sans effet.
Mais je pense que ses propos ne sont pas une erreur. Ça correspond à un choix politique, dans une situation difficile dans les sondages, de faire un signe à la partie la plus à droite de sa majorité et de son électorat. Il s’appuie sur le fait qu’en juin les initiatives sociales n’ont pas eu le succès escompté, c’est vrai. Mais on ne peut pas en tirer de conclusions sur un mouvement social dans son ensemble. Deux semaines avant, le mouvement du 15 mai dans la fonction publique était un succès. Il n’aurait pas eu besoin d’annoncer le service minimum d’accueil s’il le mouvement était sans effet.
Le candidat Sarkozy soulignait l’importance du dialogue social. Depuis, il y a eu le contournement de l’accord entre les partenaires sociaux sur les 35 heures et les propos de ce week-end. Croyez-vous encore possible le retour à un meilleur dialogue ?
Je n’en sais rien. Les derniers signes sont très négatifs. Nicolas Sarkozy dit: «j’ai la légitimité politique, donc je décide. Je veux bien discuter mais seulement de la mise en œuvre». Ce n’est pas du dialogue social. Dans une stratégie de reforme c’est contre-productif. Il n’y a pas de bonne réforme si elle n’est pas partagée par ceux qui sont concernés.
On voit que Nicolas Sarkozy réussit à faire passer une grande partie de ses réformes les unes après les autres. Cela ne lui donnerait-t-il pas raison?
Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de mouvement social suffisant pour le faire reculer sur le cœur de ses réformes. Mais en même temps, il a été obligé de faire des concessions considérables. Par exemple, concernant les régimes spéciaux, c’est le cas sur la décote, sur les perspectives de fin de carrière, où beaucoup d’argent a été mis sur la table pour améliorer les rémunérations. Là, sur les régimes spéciaux, il y a eu un dialogue. Par ailleurs, c’est rare d’avoir un Président élu depuis seulement 14 mois avec autant de mouvements sociaux dans ce qui aurait dû être son état de grâce. Ce n’est pas un chemin pavé de roses.
Va-t-il y avoir des retours de bâton ?
Il ne prend pas beaucoup de risque en disant ça début juillet. Je pense pas que ce soit un élément déclencheur. Mais ça va donner envie aux plus militants de le démentir. Il y a pas mal de combativité qui se maintient au plan local. Je ne vais pas répondre à une fanfaronnade par une autre fanfaronnade. Les mouvements sociaux, c’est plus compliqué que ça. Mais il y a un fort mécontentement qui donne un fort potentiel d’action. Notre faiblesse jusqu’ici a été la dispersion, les journées d’action qui s’ajoutent les unes aux autres. Il faut avoir un vrai plan. Ça peut passer par de l’inter-professionnel, une articulation d’appels sectoriels et généraux. Notre défi est de durer, de ne pas avoir de journées isolées. C’est une des raisons de l’échec des mobilisations de juin.
Nicolas Sarkozy pêche-t-il par excès de confiance ?
Il pêche par mépris des autres, et des partenaires sociaux. C’est le sentiment que j’ai, c’est l’impression qu’il donne. Il y a une volonté de sa part d’instrumentaliser les partenaires sociaux. Il a joué la division, comme sur les 35 heures : il a poussé les partenaires à négocier et une fois que c’était fait, il est passé par derrière et a transformé ça. Ce n’est pas traiter les syndicats en partenaire. Sa stratégie, c’est de passer en force, mais elle est contradictoire avec l’esprit de dialogue social et de réforme efficace.
Je n’en sais rien. Les derniers signes sont très négatifs. Nicolas Sarkozy dit: «j’ai la légitimité politique, donc je décide. Je veux bien discuter mais seulement de la mise en œuvre». Ce n’est pas du dialogue social. Dans une stratégie de reforme c’est contre-productif. Il n’y a pas de bonne réforme si elle n’est pas partagée par ceux qui sont concernés.
On voit que Nicolas Sarkozy réussit à faire passer une grande partie de ses réformes les unes après les autres. Cela ne lui donnerait-t-il pas raison?
Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de mouvement social suffisant pour le faire reculer sur le cœur de ses réformes. Mais en même temps, il a été obligé de faire des concessions considérables. Par exemple, concernant les régimes spéciaux, c’est le cas sur la décote, sur les perspectives de fin de carrière, où beaucoup d’argent a été mis sur la table pour améliorer les rémunérations. Là, sur les régimes spéciaux, il y a eu un dialogue. Par ailleurs, c’est rare d’avoir un Président élu depuis seulement 14 mois avec autant de mouvements sociaux dans ce qui aurait dû être son état de grâce. Ce n’est pas un chemin pavé de roses.
Va-t-il y avoir des retours de bâton ?
Il ne prend pas beaucoup de risque en disant ça début juillet. Je pense pas que ce soit un élément déclencheur. Mais ça va donner envie aux plus militants de le démentir. Il y a pas mal de combativité qui se maintient au plan local. Je ne vais pas répondre à une fanfaronnade par une autre fanfaronnade. Les mouvements sociaux, c’est plus compliqué que ça. Mais il y a un fort mécontentement qui donne un fort potentiel d’action. Notre faiblesse jusqu’ici a été la dispersion, les journées d’action qui s’ajoutent les unes aux autres. Il faut avoir un vrai plan. Ça peut passer par de l’inter-professionnel, une articulation d’appels sectoriels et généraux. Notre défi est de durer, de ne pas avoir de journées isolées. C’est une des raisons de l’échec des mobilisations de juin.
Nicolas Sarkozy pêche-t-il par excès de confiance ?
Il pêche par mépris des autres, et des partenaires sociaux. C’est le sentiment que j’ai, c’est l’impression qu’il donne. Il y a une volonté de sa part d’instrumentaliser les partenaires sociaux. Il a joué la division, comme sur les 35 heures : il a poussé les partenaires à négocier et une fois que c’était fait, il est passé par derrière et a transformé ça. Ce n’est pas traiter les syndicats en partenaire. Sa stratégie, c’est de passer en force, mais elle est contradictoire avec l’esprit de dialogue social et de réforme efficace.