Tandis que Rocard salue en Sarkozy « une droite réformatrice et intelligente » avec laquelle rechercher des « convergences » (!), plusieurs voix de gauche – Fabius, Hamon, Aubry, Mélenchon, et les leaders syndicaux – ont dénoncé la tromperie du récent discours de Toulon du président sur « cette crise, fin d’un monde », en soulignant qu’il applique assidument le contraire de ce qu’il vient d'afficher.
Laurent Fabius : "Discours de gauche mais action de droite, comme souvent"
"Que la crise internationale soit grave, c'est une évidence, mais le chef de l'État l'utilise pour esquiver les questions concrètes comme la baisse du pouvoir d'achat, la hausse du chômage, l'importance des déficits", selon l'ex-Premier ministre socialiste. "Le Président cède à son habitude de croire qu'en nommant les problèmes, on les résout. Il oublie sa propre responsabilité dans cette crise. Lui et ses ministres n'ont rien vu venir et il a gaspillé les quelques marges de manoeuvre budgétaires dont la France disposait", déplore l'élu socialiste. "Discours de gauche mais action de droite, comme souvent", résume Laurent Fabius. L'ancien locataire de Bercy "lance un cri d'alarme : les annonces de Sarkozy vont se traduire par un véritable démantèlement des finances des collectivités locales. Au final, les citoyens paieront".
Benoît Hamon : "Un réquisitoire en règle contre un système qu'il défend"
Le candidat au poste de premier secrétaire du PS s'interroge : "Qui sont donc ces fous qui baissent de 13 milliards les impôts des plus riches ? Qui sont donc ces fous qui privatisent la Poste ? Qui sont donc ces fous qui libéralisent la santé ? Qui sont donc ces fous qui démantèlent le droit du travail ? Qui sont donc ces fous qui organisent dans tous les domaines les reculs de l'État ?" Nicolas Sarkozy "vient de se livrer, dans un mélange d'approximations économiques et de bégaiements idéologiques, à un réquisitoire en règle contre un système qu'il défend et promeut depuis le début de sa carrière politique".
Martine Aubry : "Double discours"
"C'est la poursuite d'un discours qui affiche une langue de bois battante, totalement irréelle et en décalage par rapport à la politique qu'il mène." Le chef de l'Etat procède à une « série d'incantations contre la dérégulation alors qu'il pratique cette politique en France avec détermination. Son leitmotiv est "je continue les réformes, c'est-à-dire, je continue la régression, et je continue le libéralisme" », a-t-elle estimé.
Jean-Luc Mélenchon : "Une farce anticapitaliste"
"On se pince. Sarkozy anticapitaliste ! Ses gesticulations tournent en boucle. C'est une farce", affirme le sénateur de l'Essonne, tenant de l'aile gauche du PS. Selon lui, "la crise du capitalisme n'est pas morale et sa cause n'est pas dans la voracité des traders mais dans le système qui a encouragé leur activité". "L'idée de les punir est absurde. Ces gens n'ont pas agi contre la loi mais avec elle (...) La financiarisation du capitalisme n'est pas un accident du capitalisme mais l'état naturel de son nouvel âge depuis bientôt au moins vingt ans", analyse-t-il. "Déréglementation, dérégulation, flexibilité sont les maîtres mots des politiques des programmes de droite et des sociaux-libéraux pendant toute cette période. Et cela, Sarkozy ne propose pas de l'arrêter." Le président de la République, ajoute-t-il, ne veut pas "ralentir la réforme mais au contraire l'approfondir (...) donner l'impression que tout va changer pour que tout dure comme avant"./.