La secrétaire nationale des Verts plaide pour une Europe plus sociale, et critique à ce titre le manifeste des Verts européens, que son parti veut modifier. (Entretien avec "L'Humanité",)
Quelle
appréciation portez-vous sur l’action de la France
Cécile Duflot : Les bombardements des populations civiles à Gaza et le
blocage de ce territoire palestinien sont scandaleux ! Cette guerre
d’agression est inacceptable ! L’heure n’est pas à la prudence mais à la
plus ferme condamnation de ces actes. Le gouvernement français et l’Union
européenne doivent adopter une position plus ferme vis-à-vis d’Israël. L’Europe
doit exiger le retrait des troupes et le respect de résolutions des Nations
unies, quitte à prendre des sanctions économiques si Israël ne s’y résout pas.
L’heure doit être aussi à la solidarité avec les Palestiniens. Les Verts ont
manifesté la leur en participant aux manifestations pour la paix. Samedi encore
nous avons accueilli Hind Khoury, déléguée générale de la Palestine
Que
pensez-vous du plan anticrise du gouvernement ?
Le plan de relance concocté par le gouvernement qui mise
sur la relance de la croissance et de la consommation, n’est pas à la hauteur
de la crise globale que nous traversons. Ce plan ne servira à rien car il ne
s’attaque pas aux raisons structurelles de la crise. Pire, il sacrifie les
enjeux écologiques et environnementaux. Le gouvernement délivre ainsi un
message scandaleux : « Consommer est un devoir civique ! »
Il refuse de remettre en question cette logique de consommation de produits
inutiles. Pour notre part, nous prônons une autre croissance : celle du
mieux vivre, celle de l’éducation, de la santé. Pas celle du PIB !
Tout
de même, les syndicats qui appellent à une journée d’action unitaire et
interprofessionnelle le 29 janvier prochain, dénoncent unanimement le recul du
pouvoir d’achat…
Nous ne nions pas qu’il y a un problème de pouvoir
d’achat. Nous pensons que remettre en cause la logique de consommation est
aussi une manière d’y répondre. Prenons l’exemple des factures de chauffage
particulièrement élevées dont s’acquittent les ménages ! Lancer un
programme d’isolation des logements permettrait de réaliser des économies
d’énergies bonnes pour l’environnement mais aussi pour le portefeuille des
Français.
Comment
réagissez-vous aux dernières déclarations du chef de l’État sur le droit de
grève ?
Nous nous opposons à toute remise en cause du droit de
grève. Le président de la
République
Avec
la prise en compte des enjeux environnementaux par toutes les formations
politiques, les Verts ont-ils encore raison d’être ?
Cette prise en compte relève surtout du discours. À droite, on le mesure à l’aune de ce qui reste du Grenelle de l’environnement. C’est-à-dire pas grand-chose ! Sur ce point, le gouvernement a tôt fait d’oublier ses engagements. En témoigne la relance de plusieurs projets autoroutiers et aéroportuaires. La suppression du poste de secrétaire d’État à l’Écologie, occupé jusqu’alors par Nathalie Kosciusko-Morizet, est aussi édifiante de la réalité de la priorité écologique affichée par le gouvernement. De son côté, la gauche reste aussi profondément marquée par des conceptions productivistes. Il ne peut pas y avoir de politique écologiste sans écologiste aux manettes. L’écologie politique n’est pas seulement une logique qui rompt avec le gaspillage. C’est un projet basé sur la transformation et la justice sociales, qui reprend l’héritage de la gauche.
Quel regard portez-vous
justement sur l’état de la gauche ?
La gauche a connu trois défaites successives aux élections
présidentielles. Il est temps de s’interroger sur les raisons de ces échecs si
l’on ne veut pas être à nouveau battus en 2012. Je crois que la gauche souffre
de ses divisions qui sont à la fois idéologiques mais qui relèvent aussi de
débat de personnes. Avec l’écologie politique, les Verts veulent contribuer au
rassemblement de la gauche.
Ce
discours n’est-il pas contradictoire avec le fait de soutenir aux européennes
des candidats qui comme Daniel Cohn-Bendit ont ardemment fait campagne en
faveur du « oui » à la constitution européenne ?
On ne peut pas résumer le débat de 2005 de cette façon. Le
référendum de 2005 a
Entretien réalisé par Pierre-Henri Lab (L’Humanité) 21 janvier 2009