Tous les commentateurs sont tombés d'accord sur ce point : le sommet du G20 a consacré trois grands acteurs du nouveau système économique international à construire : les Etats-Unis d'Obama, la Chine et le FMI. Laurent Fabius, député PS, propose d'aller plus loin dans le renforcement du rôle du FMI, en privilégiant une approche multipolaire, où l'Europe et l'Euro auraient alors toute leur place.
Le FMI va disposer de moyens d’actions supplémentaires : c’est important et positif, surtout lorsqu’on voit la longue liste des pays qui ont besoin de soutiens massifs pour éviter l’asphyxie.
Un aspect, notamment, n’a pas été traité : la répartition des pouvoirs au sein du FMI. Schématiquement, la situation actuelle est celle-ci : les Etats-Unis détiennent une minorité de blocage, les Européens possèdent des droits de vote au total élevés mais éclatés, cependant que les grands pays émergents (Chine, Inde, Brésil,…) sont outrageusement sous-représentés. Le FMI a été jusqu’ici une sorte de G2 sans la Chine.
Il est urgent de mettre en place une réforme dont les trois principes devraient être les suivants.
Il est absurde que la deuxième monnaie de réserve du monde, l’euro, ne soit pas représentée en tant que telle au Fonds Monétaire International. Les pays de l’euro devraient donc regrouper leurs droits de vote et au total les réduire. L’Eurogroupe doit désormais constituer un vrai groupe au sein du FMI.
Deuxième principe, aucun pays ne devrait pouvoir à lui seul détenir une minorité de blocage. C’est le cas des Etats-Unis. Leur quota devrait être revu dans une approche réellement multipolaire.
Enfin, avec les “quotas” supplémentaires ainsi dégagés, les pays aujourd’hui sous-représentés, notamment la Chine, verraient leur représentation accrue et leur contribution au FMI aussi.
Cette réforme est indispensable pour donner sa pleine force à la régulation monétaire et financière dont le monde a besoin. Oui, nous avons besoin d’un FMI vraiment multipolaire.
Laurent Fabius