Notre blog ouvre un dossier sur la gauche face à l'échéance de 2012. Gagner les prochaines élections générales est une responsabilité considérable qu'ont en partage les électeurs, militants et dirigeants qui veulent mettre un terme à une décennie de gouvernement anti-social. Deux chantiers nous paraissent essentiels, et liés : bâtir un discours et un projet mobilisateurs pour le monde du travail, unir les forces et l'électorat de la gauche.
Entre le scrutin régional de mars 2010 et les scrutins nationaux de 2012 se présenteront deux années pleines sans compétition électorale. Cela donne tout juste le temps à la gauche en général et au PS en particulier de réarmer discours et propositions face à la droite. Si cette période n'était pas utilisée pour accomplir ce travail de fond, on voit mal comment un bloc de gauche pourrait redevenir majoritaire, quel que soit le charisme de son meilleur candidat.
Chacun s'accorde à dire que la droite UMP-Sarkozy au discours changeant et ambigu mais au programme franchement libéral avait gagné la bataille des idées au milieu des années 2000 tandis que la gauche peinait à se positionner. C'est maintenant à la gauche d'avoir les idées claires et de trouver les mots justes pour échapper à un quatrième échec consécutif après ceux de 1995, 2002 et 2007.
En 2012, le président sortant sera probablement candidat à sa succession, ce qui présente des avantages (image, capacité d’initiative) et des inconvénients (usure, promesses non tenues). Son leadership sera le point fort de Sarkozy et, par comparaison, ne pourra donc pas être celui du principal candidat de gauche même s'il devra avoir la stature nécessaire pour s’y mesurer. En revanche, le terrain sur lequel ce candidat de gauche peut l’emporter est bien celui du projet, qui est traditionnellement le point faible d'un candidat sortant.
Dès lors, le débat légitime sur la procédure de sélection du champion de la gauche –candidature commune ou non, primaires ou non, et lesquelles– ne peut faire l'économie des conditions d'élaboration du projet à opposer à celui de la droite. Historiquement, il y eut le programme commun des années 1970, les 110 propositions de 1981, la lettre aux Français en 1988, la plate-forme de la "gauche plurielle" des années 1990, enfin les campagnes personnelles et non rassemblées de 2002 et 2007.
Ne pas reproduire les erreurs de la dernière décennie (comme se soumettre aux sondages pré-électoraux ou croire que le PS peut, seul, imposer sa ligne), faire le maximum possible pour unir la gauche (et ne pas disperser et opposer les candidatures), créer une dynamique autour de valeurs et de propositions largement partagées et clivantes avec celles de la droite, ce sont autant d’impératifs à prendre en compte pour gagner.
Le site Priorité à Gauche plaidera en ce sens. Il ouvre –à partir de demain– un dossier pour l’alternance : « Gauche 2012 ». Ce dossier présente les points de vue les plus éclairants parus dans les médias sur les thèmes de l'union, du projet, des primaires, quelle que soit la sensibilité politique de leur auteur, et prévoit d’y ajouter ponctuellement nos propres points de vue.
Nous commencerons par la tribune incisive de Bernard Poignant, maire de Quimper, mettant en garde contre l’illusion des primaires (le jeu du Maillon faible rêvé comme thérapie...). Dans la semaine, suivront deux autres points de vue :
> celui de Marie Noëlle Lienemann et Paul Quilès, anciens ministres et fondateurs du club Gauche Avenir, qui prônent des Etats-Généraux pour une plate-forme puis un candidat communs de la gauche ;
> celui d’Henri Weber, député européen, qui préfère au contraire une bonne primaire pour choisir le candidat des socialistes plutôt qu'une incertaine primaire élargie./.
Les animateurs du blog PAGe