Candidatures . 41,6 % de femmes ont été investies pour les législatives, une moyenne qui cache une grande disparité selon les formations politiques.
Jacqueline Sellem (Humanité du 1er Juin 2007).
La parité progresse mais à pas lents, c’est le constat dressé par l’Observatoire de la parité à la suite du dépôt des candidatures aux législatives. 41,6 % de femmes sont investies, contre 38,9 % en 2002. Combien seront finalement élues en juin ? Députée de la Moselle et rapporteure de l’Observatoire, Marie-Jo Zimmermann en prévoit 20 % seulement. À ce rythme, on est encore loin d’atteindre l’égalité femme-homme sur les bancs de l’Assemblée. Depuis 1999, la Constitution française précise que la loi et les partis politiques doivent favoriser l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats et fonctions électives. Mais pour les législatives, les mesures prévues ne sont qu’incitatives. Les partis qui ne présentent pas le même nombre de candidats de chaque sexe (à 2 % près) subissent une pénalité financière. Une sanction bien peu contraignante pour ceux qui disposent de moyens importants. Résultat : la droite ne se fait pas violence pour respecter la loi. Et l’UMP est pour ce scrutin la lanterne rouge avec 26,5 % de candidates. De quoi relativiser l’affichage gouvernemental de Nicolas Sarkozy. FN, MPF, LCR, LO, CPNT, Verts respectent strictement le principe paritaire en présentant entre 48,8 % et 50,4 % de femmes.
Avec 45,5 % de candidates, le Parti socialiste « se rapproche de la ligne d’arrivée », juge Laurence Rossignol, secrétaire nationale, qui voit un « très net progrès » par rapport aux 34,6 % de 2002. En s’astreignant à « la procédure longue et fastidieuse » des candidatures réservées, le PS s’était fixé le double objectif de respecter la loi et de faire élire 30 % de femmes. Cet exercice s’est heurté, selon la responsable socialiste, à des pesanteurs et au fait que beaucoup sortants sont des hommes. « La parité, la diversité, le renouvellement sont difficilement compatibles avec le mode de scrutin uninominal à deux tours », estime Laurence Rossignol qui plaide pour la proportionnelle ou pour l’élection de binômes paritaires dans des circonscriptions dont le nombre serait divisé par deux.
Au Parti communiste, on passe de 43,6 % de candidates en 2002 à 46,5 % cette fois. « Notre objectif était la parité au niveau régional. Cet effort a été intégré quasiment partout. Les problèmes sont circonscrits à six régions », explique Denis Rondepierre qui suit cette question à la direction nationale (1). « Nous sommes face à des difficultés qui concernent les modes de vie, les inégalités dans la famille, au travail mais aussi la façon de faire de la politique, la répartition des responsabilités et la manière de les exercer à tous les niveaux y compris dans les fonctions électives. » Et il insiste : « C’est un combat politique. »
Quant à Marie-Jo Zimmermann, elle craint que la prochaine Assemblée nationale ne permette à la France de se hisser, en terme de féminisation de la politique, qu’à la 59e place au niveau mondial, « entre l’Estonie et la Guinée équatoriale ».
(1) Basse-Normandie (4 femmes sur 12), Bretagne (11 sur 26), Corse (0 sur 4), Languedoc-Roussillon (8 sur 20), Nord-Pas-de-Calais (12 sur 38), Picardie (6 sur 17).