Comment recevez-vous les propositions du comité de suivi de la loi DALO ?
Jean-Baptiste Eyraud. En janvier, le haut comité pour le logement des personnes défavorisées estimait que la loi devait être rediscutée en septembre, après la remise de ce rapport qui devait proposer des pistes législatives pour la mise en oeuvre du DALO. Depuis, le comité de suivi s’est rangé à la position de Mme Boutin (ministre du Logement) qui refuse une nouvelle loi. Or, je rappelle que la loi du 5 mars a limité les capacités de relogement des ménages aux contingents préfectoraux qui n’offrent que 65 000 places par an au maximum, pour 600 000 ménages. Cela veut-il dire qu’il va falloir attendre dix ans pour appliquer la loi ?
Le gouvernement semble déterminé à ne pas tolérer les campements…
Il a la volonté d’étouffer les mouvements de revendication des mal logés et des sans-logis. Mais les familles, elles, sont très décidées. Entre 130 et 160 familles dorment sur le trottoir, chaque nuit, autour du Ministère de la crise du logement, rue de la Banque, depuis le 3 octobre. Face à elle, les gardes mobiles se relaient pour arracher tentes, couvertures et sacs de couchage à toute heure de la journée et de la nuit. Les familles opposent une résistance extraordinaire qui ne se fait pas sans mal. Des femmes enceintes ont été hospitalisées, d’autres ont eu les pieds écrasés suite aux interventions policières. La charge de jeudi soir a atteint un summum en termes de brutalité. Je n’ai jamais été malmené de cette façon par la police française, et pourtant, dans le combat que je mène, j’ai souvent été l’objet de charges et d’interventions musclées de la part des forces de l’ordre.
Comptez-vous installer de nouveaux campements cet hiver ?
La lutte va continuer, c’est sûr. Mardi soir (demain - NDLR), nous organisons au Ministère de la crise du logement un rassemblement auquel vont sans doute participer les Don Quichotte et le Comité Action Logement, mais également des artistes, des personnalités du monde politique et des citoyens. Je le répète, les familles sont très déterminées depuis la rafle du métro Riquet du 3 octobre.