Comment jugez-vous l’expérience menée à Ivry-sur-Seine du village de mobile homes ?
Nicole Maestracci. C’est une solution parmi d’autres. Ce que nous demandons, c’est une évaluation correcte des besoins sur chaque territoire, et la mise en place d’une programmation sur plusieurs années. Car les personnes sans domicile ont des profils très divers : jeunes, vieux, avec ou sans problème de santé, à la rue depuis vingt ans ou quinze jours… Or, depuis plusieurs années, on ne fait qu’empiler les mesures, chacune étant présentée comme la panacée. Tout miser sur les mobile homes ne me paraît pas répondre aux enjeux.
Les Enfants de Don Quichotte se prépareraient à installer un nouveau campement. Y a-t-il eu des progrès depuis l’initiative de l’hiver dernier ?
Il y a eu, en janvier 2007, l’affirmation par le gouvernement d’un principe très important : les gens accueillis en urgence ne peuvent plus être mis à la rue sans qu’il leur soit proposé un hébergement durable. Mais du principe à la réalité, il faut du temps et des moyens. Certains ont bien été alloués, mais cela reste insuffisant, notamment en matière de logis relais ou de logements destinés à ceux qui sortent des centres d’hébergement et de réinsertion sociale.
La FNARS organise à la fin du mois de novembre une « conférence de consensus » sur les sans-abri. Quel est son objectif ?
C’est une méthode de travail qui a été mise en oeuvre par la haute autorité de santé dans le domaine médical. Une audition publique est organisée pendant deux jours avec des experts français et étrangers. Un jury pluridisciplinaire questionnera ces experts et tentera d’élaborer des recommandations à destination des pouvoirs publics. Car même s’il existe un consensus un peu flou sur le fait que personne ne doit dormir dehors, les solutions proposées sont très hétéroclites et manquent d’une vision globale. Faut-il aller jusqu’à « aménager la rue » (faire en sorte que les gens puissent y dormir sans mourir de froid, leurs distribuer des repas chauds…) ou bien se donner un objectif plus ambitieux : leur redonner leur place dans la société ?
Dans ce contexte, comment jugez-vous les travaux du gouvernement sur le droit au logement opposable ?
Le premier projet de décret a été très critiqué et, depuis, modifié. Maintenant, comme l’indique le comité de suivi, si on ne prend pas des mesures draconiennes pour mettre à disposition des logements à destination des plus pauvres, cette loi ne pourra absolument pas fonctionner. La balle est entre les mains du gouvernement et des collectivités territoriales. On va pouvoir mesurer quelle est la volonté politique de faire appliquer ce texte.
Dans ce contexte, la vente de 40 000 logements sociaux chaque année, selon l’objectif fixé par le chef de l’État, vous paraît-elle opportune ?
Non, parce que cela fera autant de logements accessibles en moins pour les demandeurs les plus pauvres. Et parce que vendre à des personnes à faibles ressources n’est pas forcément une bonne chose. Cela produit du surendettement, des copropriétés dégradées. Ce n’est pas toujours leur faire un cadeau.
(1) Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale.