Les socialistes sont-ils aujourd’hui capables de définir une position commune sur le traité européen de Lisbonne ?
Oui, incontestablement. Mais cela suppose, au préalable, que nous soyons d’accord sur le fait que nous n’avons affaire ni au même texte ni au même contexte. Cela suppose aussi que nous nous accordions sur les principes qui doivent dicter notre choix. J’en distingue trois. Le respect du peuple français et du message adressé lors du référendum du 29 mai 2005. Le choix de nous prononcer lucidement sur ce texte en expliquant aux Français les progrès institutionnels qu’il permet mais aussi les concessions faites aux eurosceptiques et ses immenses lacunes sur les questions sociales, fiscales, budgétaires et monétaires. Enfin que notre choix reste fidèle à l’engagement européen historique des socialistes et inscrit dans les combats futurs de la sociale démocratie européenne.
N’est-il pas un peu court de se contenter d’un consensus sur ce seul constat ?
Il fallait d’abord se mettre d’accord sur le diagnostic et les principes. Et personne, parmi les partisans du oui ou du non, ne conteste qu’il s’agisse d’un texte médiocre.
La discussion sur le référendum, à partir du moment où il n’aura pas lieu, n’est-elle pas un faux débat ?
Respecter le peuple français, ce serait ne pas ratifier un texte comme celui-là dans son dos. Mais c’est ce que se prépare à faire Nicolas Sarkozy. Parce qu’il n’a pas envie de perdre, et parce qu’il a donné des garanties à l’Allemagne sur l’assurance d’une ratification par la France. Abandonner notre revendication d’un référendum parce que le Président n’en veut pas, ce serait renoncer à montrer qu’il existe une autre voie, plus démocratique.
Etes-vous d’accord avec Ségolène Royal qui estime que «la procédure d’adoption, parlementaire ou référendaire, n’est plus une question de principe» ?
Non. Là où le peuple a défait quelque chose, il est le seul à pouvoir le refaire. Et c’est un peu compliqué de changer la ligne fixée par le PS au Mans, défendue ensuite pendant la présidentielle par Ségolène Royal.
Sur le fond, le PS a-t-il un autre choix que l’abstention ?
Selon moi, le fond du texte est si loin de ce qu’il serait nécessaire de faire pour relancer l’Europe qu’il ne nous permet pas de l’accepter. Mais la social-démocratie européenne a choisi de l’adopter, car ses avancées institutionnelles sont, à ses yeux, un petit pas nécessaire pour espérer, demain, changer les politiques européennes. La sociale démocratie européenne reste notre famille. La position du PS pourrait donc être l’abstention politique lors du vote du Congrès.
Ne s’agit-il pas d’une habileté destinée à éviter le retour des divisions socialistes sur la question européenne ?
Ce n’est ni une manœuvre, ni la seule voie trouvée par les socialistes pour trouver une synthèse entre oui et non. C’est une position qui porte un message d’insatisfaction, mais aussi une volonté de rester à l’intérieur du cadre européen. La vraie manœuvre est celle de Nicolas Sarkozy, qui fait savoir qu’il s’agit du dernier moyen qu’il a trouvé pour déstabiliser le PS.
Certains comme Ségolène Royal ou Bertrand Delanoë se prononcent en faveur du oui. Ne craignez-vous pas de nouvelles divisions en 2008 ?
Je donnerai ma position si nous n’arrivons pas à arrêter une position commune et lisible pour les Français. Pour l’instant je travaille à rechercher ce moyen de rassembler les socialistes sur la question de l’avenir de l’Europe car je ne crois pas que la répétition des désaccords d’hier concoure à nous rendre utiles au débat.