Propos recueillis par O.M. pour Liberation.fr du 17 avril 2008.
Constatez-vous une augmentation et un durcissement des délits de mineurs ?
Non. Ce que je constate, c’est que des comportements qui autrefois auraient fait l’objet d’un rappel à l’ordre d’un professeur ou d’un parent se retrouvent aujourd’hui devant le juge. On voit arriver des bagarres de cour de récré. Si les chiffres augmentent, cela ne veut pas dire que la délinquance augmente, mais que le recours au juge est plus fréquent. Entre 2001 et 2006, la part de la délinquance des mineurs dans la délinquance globale a chuté de 21 à 18 %.
Pensez-vous que la délinquance des mineurs ressemble «de plus en plus» à celle des majeurs ?
Non. On veut réformer l’ordonnance de 1945 car les enfants d’aujourd’hui seraient soi-disant plus dangereux. Mais en 1945, des bandes d’enfants violents récupéraient des armes de guerre, faisaient des attaques à main armée. Les mineurs aujourd’hui ne sont pas devenus «violents comme des majeurs». Leur mode de passage à l’acte reste spécifique. Quand ils récidivent, ce qui est rare, ce sont des spirales courtes, subites, souvent causées par un évènement (rupture familiale, scolaire). Ces spirales sont une demande d’aide, d’où l’importance de l’éducatif.
Doit-on améliorer la justice des mineurs ?
Oui. Quand on ordonne une mesure éducative et que le jeune ne rencontre son éducateur que 4 à 6 mois plus tard, c’est désastreux. Il faut plus de moyens pour que les mesures éducatives soient appliquées. Malheureusement, le ministère de la Justice, depuis 2002, n’investit que dans le répressif : construction de centres éducatifs fermés et d’établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM).