Jean-Jacques Hazan, le président de la fédération des parents d'élèves FCPE, est très remonté après l'adoption par l'Assemblée du texte de loi prévoyant l'accueil des enfants les jours de grève.
Propos recueillis par Marie Piquemal, Libération.fr du17 juillet 2008.
Que pensez-vous du texte sur le droit d’accueil des enfants dans les écoles, tel qu’il a été adopté hier soir par les députés ?
Au début, quand on m'a présenté le projet de loi, je suis resté perplexe. Je doute de l’utilité de voter une loi pour ça, il y a bien plus urgent. Surtout qu’en réalité, le problème des grèves à l’école ne se pose que deux ou trois fois dans l’année… Souvent les familles s’organisent sans trop de problème. Ce n’est pas comme les perturbations à la SNCF qui empêchent les gens d’aller travailler! Si le ministère voulait vraiment s’occuper de la praticité pour les familles, il n’aurait pas généralisé la semaine des quatre jours. C’est un casse-tête pour les parents, souvent obligés de travailler à temps partiel.
Alors pourquoi le ministre a -t-il présenté un tel projet de loi ?
La finalité de ce texte nous a d’emblée posé problème. L’objectif du ministre devrait être de limiter les jours de grève, non? Au lieu de ça, Xavier Darcos s’arrange pour que les futures manifestations ne perturbent pas les familles. Doit-on déduire qu’il prévoit une augmentation de jours de grève?
Vous avez déclaré que l’école n’était pas une garderie…
Nous sommes très inquiets des conditions d’accueil des élèves telles qu’elles sont prévues par le texte de loi. Dans les petites communes, les enfants pourraient être pris en charge par un garde forestier ou un cantonnier. C’est n’importe quoi. On perd de vue la mission première de l’école. Le ministère considère que le rôle de l’école est de «garder » les élèves et non de les «instruire». Ce projet de loi transforme l’Education nationale en garderie. Je le répète, l’école n’est pas un centre de loisirs. Une école, ce n’est pas seulement des bâtiments, c’est un projet éducatif.
Etes-vous opposé à un droit d’accueil des élèves en cas "d’impossibilité de remplacer" un professeur absent ?
Au départ, Xavier Darcos avait annoncé un droit d’accueil des élèves les jours de grève. Mais, les termes employés dans le projet de loi étaient vagues: «les élèves bénéficient d’un service d’accueil lorsque les enseignements ne peuvent pas être dispensés.» On a demandé une clarification du texte. Résultat: dans la dernière mouture du projet de loi, un amendement précise que l’accueil des élèves sera assuré les jours de grève mais aussi en cas "d’absence imprévisible du professeur et d’impossibilité de le remplacer". Ce qui veut dire que quand un professeur sera absent pour une raison ou autre, il n’y aura pas un remplacement automatique mais seulement une garde des enfants. Ce texte est un préalable aux suppressions de postes prévues par le gouvernement. Premiers visés: les remplaçants et les enseignants de maternelle!