Tribune du responsable national à l’industrie du PS. Pour le développement industriel, en plus de ses fonctions traditionnelles de régulation, l’État doit anticiper, impulser, coordonner.
EADS, GDF-Suez, Mittal-Alcelor, les délocalisations... autant d’événements qui mettent l’industrie au coeur de l’actualité et qui montrent combien celle-ci compte dans l’économie. Les mythes auxquels adhère une grande partie de notre élite politique et financière s’effondrent : la société postindustrielle (« l’avenir est dans les services ») et la nouvelle économie (« la prospérité est dans Internet et la finance »).
Oui, l’industrie constitue la principale source de création de richesses. Pourquoi ? Parce que, contrairement à ce qui est souvent affirmé, son importance ne se réduit pas, elle se transforme et voit ses frontières s’élargir. Elle comprend le secteur manufacturier, mais aussi l’agroalimentaire, l’énergie, les travaux publics, les industries culturelles, les activités liées aux nouvelles technologies de l’information, et les services aux entreprises. Soit près de la moitié de la valeur ajoutée nationale, le tiers de la population active et plus de 80 % de la recherche-développement. Elle constitue ainsi le principal levier potentiel de transformation de notre économie vers un mode de développement durable. Il n’y a pas d’un côté les méchants de l’industrie et de l’autre les gentils du développement durable, mais complémentarité.
Le processus de mondialisation, quant à lui, est certes animé par le comportement des grands groupes industriels et financiers, mais aussi par les stratégies des États et ce, quelles que soient leur taille (États-Unis, Japon, Allemagne, Finlande...) et leur degré de développement (Chine, Inde, Brésil). Un rapide tour du monde de ces politiques de croissance nous livre quelques enseignements forts : ces pays ne s’en remettent pas au seul marché et au seul libre-échange. Ils cherchent à combiner adaptation et anticipation, quand l’Union européenne et la France, depuis 2002, en sont encore à réduire leurs actions à une approche ne visant qu’à s’adapter à la mondialisation. Ils mettent enfin en place des politiques structurelles au service de la croissance et de l’emploi : politiques de la recherche et de la formation, politiques technologiques, industrielles, territoriales, commerciales.
L’État, en relation étroite avec l’ensemble des acteurs concernés (collectivités territoriales, partenaires sociaux, entreprises, universités...), a ainsi, en plus de ses fonctions traditionnelles de régulation, une triple mission à exercer à l’égard du développement industriel (au sens large du terme) : anticipation, impulsion, coordination. La dimension européenne est fondamentale, dans la réponse aux grands besoins du futur (santé, transport...) et aux enjeux de souveraineté (énergie, spatial...) qui doivent primer sur une Europe limitée à la concurrence fiscale et sociale. Une stratégie nationale et territoriale est nécessaire, en particulier pour ce qui concerne la croissance des entreprises et la maîtrise des mutations industrielles.
Remettre l’industrie dans la société en l’ouvrant à ceux qui en bénéficie le moins : les jeunes et les femmes. De ne pas continuer à en exclure ceux que l’on qualifie de « seniors ». Ne pas laisser tomber les moins qualifiés. Ne pas sacrifier notre base industrielle au nouveau mythe du tout-délocalisable au moindre coût. Alors nos concitoyens retrouveront des perspectives./.