Le député européen et dirigeant du PS nous adresse son article paru le 10 avril dans La Tribune. Il y pointe la contre-performance économique et sociale de la droite au pouvoir, que Sarkozy aggraverait avec son thatchérisme à la française. En contre-champ, il dessine le nouveau contrat social contenu dans le programme de Ségolène Royal : la sécurisation des parcours professionnels sert mieux la mobilisation des salariés que leur précarisation.
Le principal échec du quinquennat
de Jacques Chirac est d'ordre économique et tient en un chiffre : entre 2002 et
2007, la croissance moyenne de l'économie française s'est traînée à 1,5%, alors que le contexte
mondial était extraordinairement porteur.
Aucune malédiction ne condamne
notre économie à cette contre-performance. Nous avons connu, entre 1997 et
2002, un taux de croissance moyen de 3% par an, supérieur d'un point à celui
des pays de l'Union européenne.
Pour retrouver ce niveau, Nicolas
Sarkozy propose de reprendre et d'amplifier les recettes appliquées depuis juin
2002 : baisser les impôts, afin d'inciter les plus aisés à investir; réduire le
coût du travail et les droits des salariés, afin d'encourager les chefs
d'entreprises à embaucher. Cette
médecine libérale a échoué : les réductions d'impôt n'ont pas relancé les
investissements mais ont creusé la dette et nourrit la spéculation immobilière. La remise en
cause des acquis sociaux n'a pas entraîné de création d'emplois
supplémentaires, mais induit une forte angoisse de l'avenir. L'échec de cette
politique, selon les leaders de la droite, est dû non pas à ce qu'elle était
erronée, mais à ce qu'elle n'a pas été appliquée avec suffisamment de force.
Nicolas Sarkozy propose désormais de la mettre en œuvre dans toute sa rigueur :
il s'engage à réduire de 4 points les prélèvements obligatoires, à ne remplacer
qu'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite; à liquider les 35 heures,
en exonérant les heures supplémentaires des charges sociales et fiscales; à en
finir avec le vieux "contrat à durée indéterminée" en le remplaçant
par un "contrat unique" dont les droits seraient indexés sur le temps
de présence du salarié dans l'entreprise; à abolir les droits de succession pour 95% des Français...
Ce thatchérisme à la française ne
peut conduire qu'à un échec retentissant.
La candidate socialiste propose une
autre voie. Pour redresser l'économie, dit-elle, il faut, certes, motiver les
chefs d'entreprises. Mais il faut aussi mobiliser les salariés. Sans leur
participation, le redéploiement nécessaire de notre économie vers les
industries de pointe et les services à haute valeur ajoutée, la réforme de
notre système de protection sociale, l'amélioration générale de nos niveaux de
formation et de qualification, ne sont pas possibles.
Or, on n'obtiendra pas la
mobilisation des salariés en exigeant d'eux sans cesse davantage de sacrifices
et d'efforts, tandis que les actionnaires et les managers s'approprieraient
l'essentiel de la "création de valeur". Les salariés ne refusent pas
de s'adapter aux nouvelles conditions de la concurrence internationale, ils
récusent l'injustice qui fait peser sur eux seuls tout le poids de cette
adaptation. Ils refusent la régression sociale dans une société qui ne cesse de
s'enrichir.
La mobilisation nécessaire des
salariés pour la modernisation de notre économie est incompatible avec la
marche vers la société de précarité et d'inégalité croissantes que conduit la
droite.
Elle implique au contraire
l'avènement d'une société solidaire, fondée sur un nouveau contrat social, dont
le "Pacte présidentiel" de Ségolène Royal indique les termes :
- La puissance publique, à tous ses
niveaux (régional, national, européen...) s'engage à soutenir les entreprises
dans leurs efforts d'innovation, de développement, de conquête des marchés
extérieurs. L'effort de Recherche est augmenté de 10% par an, l'enseignement
supérieur est remis à niveau, 40% des marchés publics sont réservés aux PME,
une politique macro économique de soutien à la demande et à l'investissement
est mise en œuvre, l'Union européenne est invitée à privilégier la croissance
sur toute autre considération et à conduire des politiques monétaire,
industrielle, commerciale ambitieuses.
- Les syndicats de salariés sont
invités, pour leur part, à faire vivre la négociation collective, à soutenir
l'effort de formation et de requalification des travailleurs. A contribuer
aussi à leur réinsertion professionnelle, lorsque celle-ci s'avère nécessaire.
- En contrepartie, l'Etat et les
organisations syndicales attendent des employeurs qu'ils fassent leur, eux
aussi, l'objectif de reconquête du plein emploi et du bon emploi : qualifié,
convenablement rémunéré et donnant droit à une protection sociale complète.
- Le processus de précarisation des
salariés doit être arrêté et inversé. La sécurisation des parcours
professionnels doit être instituée, en combinant une meilleure indemnisation du
chômage, un service public de l'emploi réorganisé et mieux doté, un système de
formation professionnelle pour adulte, réformé.
C'est ce que la candidate
socialiste appelle un contrat "donnant-donnant" qui peut et doit être
aussi un contrat "gagnant-gagnant".
Blog de l'auteur : http://www.henri-weber.fr/
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